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Ecouter Mandarine

Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moments forts de chaque édition de Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.

Le Monde au cour du Campo Santo

Les soirées de Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à
août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont
on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.

JEREMY LEMPIN – Docteur Peyo & Mister Hassen

France-Calais 30/11/2020 Centre de soins palliatifs de l’hôpital de Calais.
Manon, 24 ans, atteinte d’un cancer généralisé enlacés son fils Ethan 7ans en présence de Peyo qui se laisse toucher et caresser par elle seule.
”Avec Peyo, on essaie de recréer de la vie dans la fin de vie, pour se battre, créer une énergie aux cotés des familles et des soignants.” me dit Hassen

Hassen et Peyo sont connus pour leurs participations aux compétitions et leurs spectacles equestres.

Peyo n’est pas un cheval comme les autres qui cherche le contact avec l’homme et aime être câliné, il a son caractère bien trempé. Pourtant, à l’issue de certaines personnes du public, il s’approche d’elles et décide de passer du temp à leurs côtés. Tout à coup, c’est comme s’il changeait de personnalité : Peyo devient doux et protecteur.

A force e l’observer Hassen comprend que son cheval choisit toujours des personnes affaiblies moralement, physiquement, psychologiquement. Il décide de se rapprocher de spécialistes : des cliniques vétérinaires, mais aussi des neurologues, psychologues, psychiatres et différents médecins spécialistes afin de tenter de comprendre cette attitude.

SARAH CARON – Les enfants perdus de Ratodero, Pakistan

Au centre de Rato Dero, qui compte une population estimée à 535 000 habitants, une grande place sert de dépotoir au lieu d’être aménagée en parc de loisirs, planté de verdure comme c’est le cas à Islamabad ou dans les villes du nord du Pakistan. Ici, les déchets ménagers et médicaux sont déversés quotidiennement et parfois brûlés ou non. Il ne semble pas y avoir de projet de ramassage des ordures dans cette ville, et encore moins de souci pour l’hygiène de ses habitants. L’odeur pestilentielle projette son arôme dans tout le quartier. Les enfants jouent sur ces montagnes d’ordures, souvent pieds nus ou en sandales. Les enfants traversent régulièrement cette friche.8 février 2021, Rato Dero, Sindh, Pakistan (Photo de Sarah Caron pour The NYT Magazine)

BULENT KILIC – Hasankeyf – Les derniers figues d’une ville engloutie

En Turquie, la cité d’Hasankeyf, vieille de 12 000 ans, a été engloutie par les eaux du barrage d’Ilisu sur le Tigre.

L’histoire ne fait pas le poids face à l’économie. En Turquie, le petit village de Hasankeyf, posé sur les rives du Tigre depuis 12 000 ans, va bientôt disparaître, englouti par le fleuve. La raison ? Le gouvernement a validé un projet de barrage et relogé les habitants sur la colline d’en face.

Le village classé au patrimoine mondial de l’Unesco a déjà les pieds dans l’eau. En Turquie, le hameau de Hasankeyf, posé sur les rives du Tigre depuis 12 000 ans, va disparaître d’ici quelques jours. La faute à la construction d’un barrage sur le fleuve, à 60 kilomètres en aval.


Les autorités ont déjà délogé les habitants et un nouveau bourg, baptisé « Nouveau Hasankeyf » est en construction sur la colline qui surplombe l’ancien village.

Si le gouvernement tente de récupérer les monuments historiques du site, les maisons troglodytes et 289 sites archéologiques du hameau vont bel et bien disparaître, rapporte la chaîne de télévision France 24. Et ce, malgré la contestation des habitants et d’organisation non-gouvernemtales locales. Voici quelques images de ce trésor, bientôt disparu, du patrimoine turc. Retrouvez la série de photographies projetée ce soir au festival Visa pour l’image.

MIGUEL GUTIERREZ – Venezuela

Miguel Gutiérrez (1983. Bogotá, Colombie) est un photojournaliste qui dirige actuellement le département de photographie du bureau de Caracas, Venezuela de l’agence de presse internationale EFE, où il travaille depuis 2012.

De 2010 à 2011, il a travaillé comme photojournaliste couvrant l’actualité, la politique et le sport au Venezuela pour l’agence de presse internationale Agence France-Presse.

Ses photographies ont été publiées par The New York Times, The Washington Post, The United Nations, ESPN, Sports Illustrated, Le Monde, The Frankfurter Allgemeine Zeitung, NRC Handelsblad et The Guardian.

Gutiérrez travaille à temps plein en tant que photographe professionnel depuis 2008, et a obtenu un diplôme de premier cycle en communications sociales de l’Université catholique de Santa Rosa. Il poursuit actuellement une maîtrise en relations internationales à l’Université centrale du Venezuela.

FONDATION YVES ROCHER – ALBIN MICHEL – Au nom de l’arbre

La Fondation Yves Rocher a choisi de mettre en place un prix spécial en partenariat avec le Festival International de Photojournalisme Visa pour l’Image – Perpignan : le Prix de la Photographie de la Fondation Yves Rocher. Le prix est décerné à un photographe professionnel souhaitant réaliser un reportage sur des problématiques dans le domaine de l’environnement, des relations entre l’homme et la terre, ou des enjeux majeurs du développement durable.

“Là où la forêt disparaît, la Terre est meurtrie” Sylvain Tesson

La surface globale des forêts a été réduite de 40 % en 3 siècles, et chaque année 13 millions d’hectares de forêt — l’équivalent du Portugal — continuent de disparaître… Chaque fois, ce sont tout un écosystème, toute une biodiversité

qui disparaissent, nous rappelant au passage que si nous savons détruire la nature, nous ne la maîtrisons pas pour autant. Mais la situation n’est pas inéluctable : en effet, de la France à l’Éthiopie, de l’Inde à l’Équateur, des communautés se lèvent et se battent pour reboiser la planète. Ce livre — véritable éloge de l’arbre — leur rend hommage et montre, par des exemples concrets, comment replanter intelligemment, selon les besoins spécifiques de chaque région. Retrouvez son travail lors d cela projection de ce soir.

JO-ANNE MCARTHUR & KEITH WILSON – Hidden

Il se concentre sur les animaux invisibles dans nos vies : ceux avec qui nous avons une relation étroite et pourtant nous ne voyons pas. Ce sont les animaux que nous mangeons et les animaux que nous portons. Ce sont les animaux utilisés pour la recherche et le divertissement, ainsi que les animaux que nous sacrifions au nom de la tradition et de la religion. Les histoires dans ses pages sont révélatrices et brutales.
L’Anthropocène est le nom proposé pour l’époque géologique actuelle. À cette époque, l’activité humaine est l’influence dominante sur le climat, l’environnement et toute la vie sur terre. Alors que nous entrons dans une nouvelle décennie, environ 80 milliards d’animaux terrestres continuent d’être utilisés et consommés par les humains chaque année. La majorité de ces animaux sont élevés et tués dans des systèmes agricoles industriels. Les poissons et autres espèces marines sont mesurés en tonnes.
HIDDEN adopte une perspective pro-animal sans vergogne, mais comprend également le rôle important que jouent les dirigeants communautaires, les éducateurs, les décideurs politiques et les militants dans la détermination d’une relation future avec les animaux basée sur une coexistence compatissante et humaine.

An Eastern grey kangaroo and her joey who survived the forest fires in Mallacoota.

EVGENIA ARBUGAEVA – Artic dreams

Evgenia Arbugaeva est née en 1985 dans la ville de Tiksi, située au bord de la mer de Laptev dans la République de Yakoutie en Russie. Dans son travail personnel, elle se penche souvent sur sa patrie – l’Arctique, découvrant et capturant les mondes éloignés et les personnes qui les habitent.
Evgenia est membre de la National Geographic Society Storytelling, récipiendaire du prix ICP Infinity et du prix Leica Oskar Barnack. Son travail a été exposé à l’échelle internationale et est apparu dans des publications telles que les magazines National Geographic, Time et The New Yorker, entre autres. Elle vit à Londres, au Royaume-Uni.

Les gens disent qu’une fois que vous avez l’Arctique dans votre système, il vous appellera toujours. J’ai passé mon enfance à courir dans la toundra et à regarder les aurores boréales alors que je marchais jusqu’à l’école dans la nuit polaire, le nom poétique des deux mois d’obscurité qui ne sont pas seulement l’hiver ici, mais aussi un état d’esprit. J’ai quitté ma ville natale de Tiksi, un port maritime isolé au bord de la mer russe de Laptev, il y a des années pour vivre dans de grandes villes et dans différents pays. Mais l’Arctique m’a rappelé. J’ai soif de son isolement et de son rythme de vie plus lent. Dans ce paysage nordique glacé, mon imagination vole comme le vent, sans obstacle. Chaque objet devient symbolique, chaque nuance de couleur signifiante. Je ne suis moi-même que lorsque je suis ici. —Récit et photographies d’Evgenia Arbugaeva

JUAN MANUEL CASTRO PRIETO – 30 ans de Pérou

Scientifique de formation et amoureux de la photographie, Juan Manuel Castro Prieto a su conjuguer ses deux passions pour devenir l’un des photographes les plus avertis, exigeants et subtils d’Europe.

Après avoir ressuscité le travail du photographe portraitiste des années 30, Martin Chambi, en créant des tirages à partir de plaques de verre à Cuzco, Prieto a développé une passion pour le Pérou. Dix ans plus tard, il traverse le pays pour un « voyage vers le soleil », où il dépeint finement et artistiquement sa tendresse pour les gens, la beauté du paysage, sa curiosité pour une culture souvent préservée, et la pauvreté qui accompagne cette condition. Retrouvez son travail lors des projections Visa pour l’image e ce soir.

Juan Manuel Castro Prieto se rend pour la première fois au Pérou en 1990. Il se rend ensuite à Cuzco où sont conservées les archives du grand photographe péruvien Martin Chambi (1891-1973). Dès ce premier voyage, au cours duquel il réalise des tirages à partir de négatifs sur plaques de verre, il développe une relation privilégiée avec ce pays qu’il n’a jamais fini d’explorer depuis cette époque. Au début de l’année 2020, il part pour un nouveau voyage dans les montagnes péruviennes, à la rencontre des populations isolées.

A travers le regard passionné qu’il porte sur ce pays, il dresse le portrait de femmes et d’hommes dans leurs traditions et leur quotidien. Plus qu’un travail de documentation, Juan-Manuel Castro Prieto revient sur ses propres traces, au cœur de villages isolés et continue de raconter le mythe personnel que le pays lui inspire.

Nariman El-Mofty, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Fuir la guerre au Tigré” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image. Pour l’occasion nous avons échangé avec Nariman, son état d’esprit à la veille de cette première, la naissance de sa vocation, sa manière de travailler sur le terrain, la place des photographes “locaux” et l’impact de son prix Pulitzer. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Fuir la guerre au Tigré”.

Nariman El-Mofty, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Fuir la guerre au Tigré” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image.

Pour l’occasion nous avons échangé avec Nariman, son état d’esprit à la veille de cette première, la naissance de sa vocation, sa manière de travailler sur le terrain, la place des photographes “locaux” et l’impact de son prix Pulitzer. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Fuir la guerre au Tigré”.

Des réfugiés ayant fui la région du Tigré en Éthiopie sont transférés vers le site d’accueil du Village 8 près de la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan. Hamdayet, dans l’est du Soudan, 1er décembre 2020. © Nariman El-Mofty / The Associated Press Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Etre exposée à Visa pour l’image, un moment particulier.

“Je me sens extrêmement humilié et honoré d’exposer à Visa. J’ai visité il y a quelques années et c’était merveilleux de voir les expositions, d’écouter les conversations et de vivre cet échange d’idées. Je suis tellement excitée de pouvoir partager une partie de mon travail et j’aurais vraiment aimé pouvoir être là..”

Le photojournalisme, une passion depuis son plus jeune âge.

“Tout a commencé avec un ami proche de la famille qui travaillait pour Reuters en tant que photojournaliste. Il est partis en missions partout au Moyen-Orient et en Afrique et a raconté des histoires animées avec tant d’humour, de charisme et de passion. J’étais fasciné et j’écoutais attentivement tout ce dont il parlait, étant enfant, j’étais attiré. J’étais obsédé par le photojournalisme à travers lui, son histoire et le travail qu’il a fait pendant des années..”

Une adaptation à tous les terrains.

“Je donne aux gens leur espace, leur temps et je respecte ce qu’ils aimeraient faire. S’ils ne veulent pas être photographiés, c’est leur droit. Cela dépend toujours de l’histoire sur laquelle je travaille.

Mon travail est divisé en plusieurs catégories comme les informations ponctuelles, la narration visuelle approfondie et le journalisme d’investigation. Dans les infos ponctuelles par exemple, cela ne prend pas beaucoup de temps car la scène est chaotique et les gens sont en plein stress et en état de choc. Les gens font généralement l’une des deux choses suivantes : parler sur le champ ou exprimer leur colère contre les journalistes, ce qui est compréhensible.

Les journalistes y sont témoins d’une situation extrêmement difficile et d’un tournant dans la vie de la plupart de ces personnes. Beaucoup parlent et veulent que le monde sache ce qui s’est passé en nous utilisant comme messagers. Cependant, il faut beaucoup plus de temps pour gagner la confiance de la narration en profondeur, du journalisme d’investigation et du documentaire. Par exemple, il m’a fallu plus d’un an avec une personne juste pour qu’elle commence à me parler, c’est-à-dire sans lever la caméra.

La notion de photographe “local”

“Le nombre photographes basés sur le terrain ne cesse d’augmenter, et j’en suis un exemple, mais il reste encore beaucoup à faire. Les rédacteurs en chef doivent pousser et lutter pour l’inclusivité des photojournalistes dans leurs régions. Il ne s’agit pas seulement d’un pourcentage cible et de cocher des cases, mais il s’agit de faire croître et de développer la profession dans son ensemble. Il y a tellement de talents qui pourraient être découverts et encouragés à travers le monde et qui peuvent ajouter une saveur ou une perspective différente aux histoires que nous couvrons. Mais il faut davantage de soutien de la part des décideurs et le changement prendra du temps.

Une approche culturelle différente

“Etre culturellement plus proche a un impact sur la couverture du reportage. Je sens que je capte des nuances culturelles simplement à cause de l’environnement dans lequel je suis né et dans lequel j’ai grandi. Cela me permet de construire plus facilement la relation et d’éviter les malentendus qui pourraient découler des barrières linguistiques ou culturelles.

Raconter une histoire est aussi plus naturel pour un journaliste quand c’est près de chez moi et je me sens mieux placé pour raconter l’histoire du point de vue du sujet.

Parfois, cependant, être un étranger peut être positif et plus réconfortant pour certaines personnes, en particulier sur des sujets extrêmement sensibles et tabous au sein d’une culture.”

L’impact du Pulitzer.

“Cela n’a pas changé la nature de mon travail ou de mes objectifs, la où je suis basé, beaucoup de gens ne savent même pas ce qu’est ce prix. Ce que je peux dire, c’est que cela m’a été bénéfique pour l’accès. Pour les autorités, c’est certainement un avantage car l’une des premières choses qu’elles font pour vérifier les journalistes est une recherche en ligne approfondie, notre présence en ligne, pour qui nous travaillons et le type de travail que nous avons effectué dans le passé.”

Pour découvrir davantage le travail de Nariman El-Mofty

Une réfugiée du Tigré attend des soins à la clinique de Médecins sans frontières. Centre de transit du Village 8, près du poste-frontière de Lugdi, dans l’est du Soudan, 8 décembre 2020. © Nariman El-Mofty / The Associated Press Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Nariman El-Mofty, fuir la guerre au Tigré.

Il continue d’être hanté par les massacres chaque nuit, de crier dans son sommeil. Le côté droit de son visage et son cou sont couverts de cicatrices. Abrahaley Minasbo, un danseur de 22 ans dont le corps était un outil d’expression, vit désormais avec une main en partie amputée. Des membres d’une milice amhara sont venus le trouver chez lui dans la ville de Mai-Kadra le 9 novembre 2020. Ils l’ont traîné dehors, battu à coups de marteau, de hache, de bâton et de machette, puis l’ont laissé pour mort.

Dans cette communauté de réfugiés vulnérables, aux portes du conflit qui fait rage dans le Tigré éthiopien, ceux qui ont fui les combats sanglants ont tous été témoins de l’horreur. Certains ont marché pendant des jours pour atteindre la frontière, avant d’être entassés à bord de bus ou de camions pour un pénible trajet de onze heures jusqu’à un camp. Alors qu’un véhicule démarrait, un bébé s’est mis à hurler et son frère l’a porté à la fenêtre pour qu’il respire, disant que l’enfant était affamé et déshydraté, que le bus était trop bondé.

Des conditions de vie difficiles.

Une fois arrivés au camp, ils attendent. Pour manger, pour avoir des nouvelles de leurs proches, pour boire. Certains font la queue pendant des heures devant un robinet pour pouvoir remplir leurs seaux. Des enfants âgés d’à peine 7 ans portent avec difficulté ces lourds récipients sur leur dos.

À leur arrivée, beaucoup souffrent de malnutrition. Une femme enceinte de 9 mois, pesant à peine 45 kilos, s’est mise à pleurer en voyant le chiffre sur la balance. Une autre à qui l’on avait donné une ration alimentaire n’a rien pu avaler.

« L’Éthiopie se meurt », répète Tewodros Tefera, un médecin lui-même réfugié. Il est confronté aux blessures de la guerre depuis le début du conflit : des victimes de viol qui n’acceptent de se confier qu’à lui, des enfants déshydratés, des femmes enceintes et allaitantes à bout de forces, des personnes blessées à coups de hache et de couteau, d’autres à qui on a brisé les côtes. Le docteur Tefera recueille des preuves, dans l’espoir d’aller un jour à La Haye afin d’obtenir justice pour son peuple.

Un exode massif.

On ignore combien de milliers de personnes ont été tuées au Tigré depuis le début des combats le 4 novembre 2020. Mais les rapports remis à l’ONU indiquent que le viol est utilisé comme arme de guerre, que l’artillerie bombarde des zones peuplées, que des champs sont brûlés, des civils pris pour cible et les pillages généralisés.

La guerre a éclaté au pire moment pour Abraha Kinfe Gebremariam et sa famille, à Mai-Kadra. Letay, sa femme, a eu ses premières contractions alors que la violence au-dehors faisait rage. À leur grande surprise, elle a donné naissance à deux filles, Aden et Turfu. Mais la joie a été de courte durée, Letay a succombé à des complications dix jours plus tard. Abraha se retrouve seul pour élever ses deux nouveau-nées et ses jeunes fils dans un camp de réfugiés à Hamdayet, de l’autre côté de la frontière, dans l’est du Soudan.

Plus de 62 000 réfugiés originaires du Tigré vivent désormais au Soudan, fuyant ce que la plupart des Tigréens qualifient de « génocide ».

Texte : Nariman El-Mofty “Fuir la guerre au Tigré”pour le Festival Visa pour l’image

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Des hommes ayant fui la région du Tigré en Éthiopie écoutent la messe célébrée par un prêtre au camp de réfugiés d’Um Rakuba. État d’Al-Qadarif, dans l’est du Soudan, 29 novembre 2020. © Nariman El-Mofty / The Associated Press Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

L’exposition de Nariman El-Mofty, “Fuir la guerre au Tigré” est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre

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