Édition limitée à 250 exemplaires

Ce livre est le numéro 17 de la collection BeSpoke des Editions Bessard et inclut un tirage argentique (10 x 18 cm) signé. Texte de Rosely Nakagawa en anglais et en portugais.

Depuis les masques mortuaires du Moyen-Âge jusqu’aux peintures du XIXème siècle et aux photographies du XXIème, les portraits ont constitué à la fois un espace d’intimité et un espace d’apparence face à la norme sociale. Les portraits font du visage, qui reste une partie du corps, un objet d’évaluation individuelle et collective. Ils recherchent la composition et le dévoilement de l’autre, ce qui constitue une forme de contrôle par le regard.

D’après le philosophe Roberto Gambini, auteur de « The Indigenous Mirror », l’homme indigène brésilien « était un miroir dans lequel les jésuites voyaient le côté laid de leurs propres visages. Ils décidèrent alors de casser le miroir. » C’est là qu’est la vibration dans le portrait au Brésil : ressembler ou vouloir ressembler à quelqu’un… Avec beaucoup d’efforts, enregistrés dans des images photographiques dans tous le pays, dans des studios cachés, les portraits étaient peints par des artistes dont la spécialité était de blanchir les mulâtres, les créoles, les métisses de différentes nations, migrations ou immigrations qui composent la population du pays.

Au travers de ces portraits, un des paradoxes de la formation du peuple brésilien moderne est mis à jour. D’un côté, il existe une invitation à la confession et à l’expression des affects. De l’autre côté, il y a le confinement par abstinence, par le contrôle de l’apparence et par la suppression des émotions.

Banzi crée graphiquement une possibilité pour ces esclaves d’origine Nagô, Gege, Mina, Malê, Mandingue, Fula, Tapa, Bornu, Gurunsi (souvent représentés en portrait sur des cartes de visites lorsqu’ils étaient mis en vente par leurs maîtres). Cette possibilité magique est donnée par le rétablissement de leurs identités dans une peinture respectueuse, sensible et délicate.