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Nariman El-Mofty, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Fuir la guerre au Tigré” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image. Pour l’occasion nous avons échangé avec Nariman, son état d’esprit à la veille de cette première, la naissance de sa vocation, sa manière de travailler sur le terrain, la place des photographes “locaux” et l’impact de son prix Pulitzer. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Fuir la guerre au Tigré”.

Nariman El-Mofty, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Fuir la guerre au Tigré” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image.

Pour l’occasion nous avons échangé avec Nariman, son état d’esprit à la veille de cette première, la naissance de sa vocation, sa manière de travailler sur le terrain, la place des photographes “locaux” et l’impact de son prix Pulitzer. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Fuir la guerre au Tigré”.

Des réfugiés ayant fui la région du Tigré en Éthiopie sont transférés vers le site d’accueil du Village 8 près de la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan. Hamdayet, dans l’est du Soudan, 1er décembre 2020. © Nariman El-Mofty / The Associated Press Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Etre exposée à Visa pour l’image, un moment particulier.

“Je me sens extrêmement humilié et honoré d’exposer à Visa. J’ai visité il y a quelques années et c’était merveilleux de voir les expositions, d’écouter les conversations et de vivre cet échange d’idées. Je suis tellement excitée de pouvoir partager une partie de mon travail et j’aurais vraiment aimé pouvoir être là..”

Le photojournalisme, une passion depuis son plus jeune âge.

“Tout a commencé avec un ami proche de la famille qui travaillait pour Reuters en tant que photojournaliste. Il est partis en missions partout au Moyen-Orient et en Afrique et a raconté des histoires animées avec tant d’humour, de charisme et de passion. J’étais fasciné et j’écoutais attentivement tout ce dont il parlait, étant enfant, j’étais attiré. J’étais obsédé par le photojournalisme à travers lui, son histoire et le travail qu’il a fait pendant des années..”

Une adaptation à tous les terrains.

“Je donne aux gens leur espace, leur temps et je respecte ce qu’ils aimeraient faire. S’ils ne veulent pas être photographiés, c’est leur droit. Cela dépend toujours de l’histoire sur laquelle je travaille.

Mon travail est divisé en plusieurs catégories comme les informations ponctuelles, la narration visuelle approfondie et le journalisme d’investigation. Dans les infos ponctuelles par exemple, cela ne prend pas beaucoup de temps car la scène est chaotique et les gens sont en plein stress et en état de choc. Les gens font généralement l’une des deux choses suivantes : parler sur le champ ou exprimer leur colère contre les journalistes, ce qui est compréhensible.

Les journalistes y sont témoins d’une situation extrêmement difficile et d’un tournant dans la vie de la plupart de ces personnes. Beaucoup parlent et veulent que le monde sache ce qui s’est passé en nous utilisant comme messagers. Cependant, il faut beaucoup plus de temps pour gagner la confiance de la narration en profondeur, du journalisme d’investigation et du documentaire. Par exemple, il m’a fallu plus d’un an avec une personne juste pour qu’elle commence à me parler, c’est-à-dire sans lever la caméra.

La notion de photographe “local”

“Le nombre photographes basés sur le terrain ne cesse d’augmenter, et j’en suis un exemple, mais il reste encore beaucoup à faire. Les rédacteurs en chef doivent pousser et lutter pour l’inclusivité des photojournalistes dans leurs régions. Il ne s’agit pas seulement d’un pourcentage cible et de cocher des cases, mais il s’agit de faire croître et de développer la profession dans son ensemble. Il y a tellement de talents qui pourraient être découverts et encouragés à travers le monde et qui peuvent ajouter une saveur ou une perspective différente aux histoires que nous couvrons. Mais il faut davantage de soutien de la part des décideurs et le changement prendra du temps.

Une approche culturelle différente

“Etre culturellement plus proche a un impact sur la couverture du reportage. Je sens que je capte des nuances culturelles simplement à cause de l’environnement dans lequel je suis né et dans lequel j’ai grandi. Cela me permet de construire plus facilement la relation et d’éviter les malentendus qui pourraient découler des barrières linguistiques ou culturelles.

Raconter une histoire est aussi plus naturel pour un journaliste quand c’est près de chez moi et je me sens mieux placé pour raconter l’histoire du point de vue du sujet.

Parfois, cependant, être un étranger peut être positif et plus réconfortant pour certaines personnes, en particulier sur des sujets extrêmement sensibles et tabous au sein d’une culture.”

L’impact du Pulitzer.

“Cela n’a pas changé la nature de mon travail ou de mes objectifs, la où je suis basé, beaucoup de gens ne savent même pas ce qu’est ce prix. Ce que je peux dire, c’est que cela m’a été bénéfique pour l’accès. Pour les autorités, c’est certainement un avantage car l’une des premières choses qu’elles font pour vérifier les journalistes est une recherche en ligne approfondie, notre présence en ligne, pour qui nous travaillons et le type de travail que nous avons effectué dans le passé.”

Pour découvrir davantage le travail de Nariman El-Mofty

Une réfugiée du Tigré attend des soins à la clinique de Médecins sans frontières. Centre de transit du Village 8, près du poste-frontière de Lugdi, dans l’est du Soudan, 8 décembre 2020. © Nariman El-Mofty / The Associated Press Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Nariman El-Mofty, fuir la guerre au Tigré.

Il continue d’être hanté par les massacres chaque nuit, de crier dans son sommeil. Le côté droit de son visage et son cou sont couverts de cicatrices. Abrahaley Minasbo, un danseur de 22 ans dont le corps était un outil d’expression, vit désormais avec une main en partie amputée. Des membres d’une milice amhara sont venus le trouver chez lui dans la ville de Mai-Kadra le 9 novembre 2020. Ils l’ont traîné dehors, battu à coups de marteau, de hache, de bâton et de machette, puis l’ont laissé pour mort.

Dans cette communauté de réfugiés vulnérables, aux portes du conflit qui fait rage dans le Tigré éthiopien, ceux qui ont fui les combats sanglants ont tous été témoins de l’horreur. Certains ont marché pendant des jours pour atteindre la frontière, avant d’être entassés à bord de bus ou de camions pour un pénible trajet de onze heures jusqu’à un camp. Alors qu’un véhicule démarrait, un bébé s’est mis à hurler et son frère l’a porté à la fenêtre pour qu’il respire, disant que l’enfant était affamé et déshydraté, que le bus était trop bondé.

Des conditions de vie difficiles.

Une fois arrivés au camp, ils attendent. Pour manger, pour avoir des nouvelles de leurs proches, pour boire. Certains font la queue pendant des heures devant un robinet pour pouvoir remplir leurs seaux. Des enfants âgés d’à peine 7 ans portent avec difficulté ces lourds récipients sur leur dos.

À leur arrivée, beaucoup souffrent de malnutrition. Une femme enceinte de 9 mois, pesant à peine 45 kilos, s’est mise à pleurer en voyant le chiffre sur la balance. Une autre à qui l’on avait donné une ration alimentaire n’a rien pu avaler.

« L’Éthiopie se meurt », répète Tewodros Tefera, un médecin lui-même réfugié. Il est confronté aux blessures de la guerre depuis le début du conflit : des victimes de viol qui n’acceptent de se confier qu’à lui, des enfants déshydratés, des femmes enceintes et allaitantes à bout de forces, des personnes blessées à coups de hache et de couteau, d’autres à qui on a brisé les côtes. Le docteur Tefera recueille des preuves, dans l’espoir d’aller un jour à La Haye afin d’obtenir justice pour son peuple.

Un exode massif.

On ignore combien de milliers de personnes ont été tuées au Tigré depuis le début des combats le 4 novembre 2020. Mais les rapports remis à l’ONU indiquent que le viol est utilisé comme arme de guerre, que l’artillerie bombarde des zones peuplées, que des champs sont brûlés, des civils pris pour cible et les pillages généralisés.

La guerre a éclaté au pire moment pour Abraha Kinfe Gebremariam et sa famille, à Mai-Kadra. Letay, sa femme, a eu ses premières contractions alors que la violence au-dehors faisait rage. À leur grande surprise, elle a donné naissance à deux filles, Aden et Turfu. Mais la joie a été de courte durée, Letay a succombé à des complications dix jours plus tard. Abraha se retrouve seul pour élever ses deux nouveau-nées et ses jeunes fils dans un camp de réfugiés à Hamdayet, de l’autre côté de la frontière, dans l’est du Soudan.

Plus de 62 000 réfugiés originaires du Tigré vivent désormais au Soudan, fuyant ce que la plupart des Tigréens qualifient de « génocide ».

Texte : Nariman El-Mofty “Fuir la guerre au Tigré”pour le Festival Visa pour l’image

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Des hommes ayant fui la région du Tigré en Éthiopie écoutent la messe célébrée par un prêtre au camp de réfugiés d’Um Rakuba. État d’Al-Qadarif, dans l’est du Soudan, 29 novembre 2020. © Nariman El-Mofty / The Associated Press Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

L’exposition de Nariman El-Mofty, “Fuir la guerre au Tigré” est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre

anie Wenger, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail "Sugar Moon" à l'occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l'image. Ce projet, qui à nécessité quatre années de travail, sera exposé pour la première fois. Une nouvelle étape que nous avons eu le plaisir de partager avec elle, les tireurs Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, étant en charge de donner vie à cette exposition.

Mélanie Wenger, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Sugar Moon” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image. Ce projet, qui à nécessité quatre années de travail, sera exposé pour la première fois. Une nouvelle étape que nous avons eu le plaisir de partager avec elle, les tireurs Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, étant en charge de donner vie à cette exposition.

Pour l’occasion nous avons échangé avec Mélanie, son état d’esprit à la veille de cette première, sa manière de travailler le tirage et ces projets pour 2022. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Sugar Moon”.

Erik Grimland décharge les trophées de son safari familial en Afrique du Sud dans sa maison de banlieue. Son premier safari de chasse en Afrique lui a coûté environ 30 000 dollars, taxidermie incluse. Amarillo, Texas, 16 mai 2018. © Mélanie Wenger / Inland pour Le Figaro Magazine et National Geographic Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Visa pour l’image, un rendez vous unique.

“Pour moi, photojournaliste et française, Visa pour l’image a toujours été l’un des grands festivals de la profession. Je m’y rends chaque année depuis dix ans. C’est aussi l’une des occasions principales de l’année de rencontrer mes collègues mais aussi les éditeurs avec lesquels je travaille, ceux aussi avec lesquels je ne travaille pas encore.

C’est l’un des trois rendez-vous les plus importants de l’année. J’y viens curieuse de découvrir de nouvelles histoires, l’occasion de décortiquer les séries variées des photographes exposés.

C’est la première fois que l’équipe expose une de mes séries. C’est surtout le bon endroit pour exposer la série Sugar Moon pour la première fois. Cela fait sens pour moi.

Je suis reconnaissante à l’équipe, Jean-François Leroy et Delphine Lelu, de l’avoir choisie, la chasse est un sujet très controversé et très difficile à exposer. Mais l’équipe de Visa ne recule jamais devant ce genre de risque, ils montrent ce qu’il est important de montrer, et c’est probablement ce qui fait la plus grande force du festival.

C’est certain que cela ne serait jamais arrivé sans le soutien de National Geographic et mon éditrice Alexa Keefe, ainsi que Le Figaro Magazine, avec Cyril Drouhet et Vincent Jolly.”

Premier rendez-vous entre la série “Sugar Moon” et le public

“Pour ce projet, que je termine à peine, après quatre années de travail, je suis très nerveuse. Cette première confrontation au public est toujours très compliquée. Il s’agit d’un sujet controversé qui provoque de vives réactions, c’est aussi pour cela que j’ai souhaité y travailler en profondeur.

J’aimerais qu’il provoque un réel questionnement chez les personnes qui le voient, une prise de distance, une certaine curiosité, sans faire l’amalgame entre le photographe et le sujet photographié. Cette distinction est importante.”

Un dialogue nécessaire pour donner vie aux photographies.

“Au labo Initial, nous avons regardé chaque photographie précieusement avec Yonnel Leblanc.

J’ai partagé avec lui des anecdotes du terrain, parfois répondu à ses questions, ajouté quelques informations pour qu’il s’imprègne des images, de la situation, de l’émotion des photographies.

C’est un équilibre très compliqué. C’était un plaisir de partager cette expérience avec Yonnel.”

Une année 2022 prometteuse.

“Je travaille sur le projet de monographie de la série Sugar Moon et son documentaire, car j’ai commencé à filmer Erik et sa famille. En plus de cela je travaille sur un nouveau projet photographique documentaire nommé ‘De-extinction’ soutenu par la DRAC Grand Est et la Région Grand Est qui devrait également me prendre une bonne partie de l’année.

C’est un peu la suite logique de Sugar Moon, cela traite d’hommes singuliers et d’espèces animales éteintes ou menacées. Je n’en dis pas plus pour l’instant…

Accompagné de Philip Hennings, propriétaire de la réserve de chasse, et de deux guides, Erik Grimland traque des bubales depuis une jeep. Khomas Highland, Namibie, 21 avril 2021. © Mélanie Wenger / Inland pour Le Figaro Magazine et National Geographic Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021 .

Mélanie Wenger, Au coeur du lobby pro-chasse américain.

C’est en 2018 que Mélanie Wenger rencontre Erik Grimland à une convention organisée par un lobby pro-chasse au Texas. Après avoir passé plusieurs années à documenter la place qu’occupe la chasse aux trophées dans la conservation de la faune sauvage en Afrique, la photographe souhaite ouvrir un nouveau chapitre sur le commerce des animaux exotiques aux États-Unis.

C’est pour comprendre ce monde complexe où s’entrechoquent traditions, consumérisme et virilisme qu’elle a suivi pendant plus de trois ans Erik Grimland et ses proches. Chasseur depuis l’enfance, fils d’un père pro-chasse et d’une mère anti-chasse, ex-policier reconverti dans la chasse professionnelle et la taxidermie, ce Texan de cœur et cow-boy dans l’âme lui a ouvert les portes d’un monde peu exposé aux regards des médias ; les portes de cette Amérique rurale, sudiste et en colère sur laquelle Donald Trump a en partie bâti sa victoire en 2016.

Une pratique complexe.

Des ranchs texans et leurs enclos où gambadent des animaux en semi-liberté jusqu’à la brousse africaine, graal des chasseurs qui viennent y dépenser plusieurs milliers de dollars pour exercer leur passion, ce travail n’est pas un plaidoyer pour la chasse. Il n’en est pas non plus le pourfendeur. Il tente simplement de comprendre les complexités de cette pratique. Et d’en révéler les nuances, les vérités comme les contradictions.

Ses partisans sont formels : tuer légalement un animal serait un moyen d’en sauver plusieurs et de préserver aussi d’importantes zones de terres sauvages de plus en plus menacées par une démographie galopante et une urbanisation effrénée. Un argument qui provoque une levée de boucliers de la part des associations de défense des droits des animaux et de certains écologistes. Ce débat soulève plusieurs questions : la chasse peut-elle être utile dans l’effort de conservation de la faune et de l’environnement, et si oui, comment ? Les revenus générés par la chasse aux trophées en Afrique et aux États-Unis sont considérables, mais où va réellement l’argent ? Et comment est-il utilisé par les institutions ? Bénéficie-t-il systématiquement aux communautés locales, comme le prétendent les chasseurs ? Autant d’interrogations qui entourent depuis plusieurs décennies cette activité pourtant pratiquée par l’Homme dès l’aube de l’humanité.

Moyen de subsistance de notre espèce depuis des centaines de milliers d’années, symbole de force, de virilité et de pouvoir dans d’innombrables cultures, la chasse est-elle vouée à s’éteindre dans les tumultes du XXIe siècle pour devenir, à son tour, le trophée relique d’une pratique disparue ?

Texte : Vincent Jolly pour Visa pour l’image

Sugar Moon de Mélanie Wenger à été réalisé avec l’aide du Figaro Magazine et National Geographic et exposé pour la première fois dans le cadre du Festival Visa pour l’image.

Dans le hangar du taxidermiste Trophäendienstene, une girafe empaillée prête à être expédiée vers l’Allemagne. La taxidermie représente une part importante de l’économie de la chasse en Afrique. Windhoek, Namibie, 26 avril 2021. © Mélanie Wenger / Inland pour Le Figaro Magazine et National Geographic c Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021 a

Exposition de Mélanie Wenger, Sugar Moon est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre

Retrouvez prochainement une interview de Mélanie Wenger dans notre podcast MANDARINE.

Pour suivre le travail de Mélanie Wenger :

Les expositions phares du festival photo Visa pour l’image 2021 par Initial LABO, Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, ont eu le plaisir de travailler sur l'exposition de Antoine Agoudjian consacrée à un sujet qui lui tient particulièrement à coeur : L'Arménie.

Antoine Agoudjian se consacre depuis plus de trente ans à la mémoire de l’histoire du peuple arménien. Il a pu témoigner en première ligne de cette nouvelle guerre de 44 jours en Artsakh.

Les expositions phares du festival photo Visa pour l’image 2021 par Initial LABO, Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, ont eu le plaisir de travailler sur l’exposition de Antoine Agoudjian consacrée à un sujet qui lui tient particulièrement à coeur : L’Arménie.

Antoine Agoudjian se consacre depuis plus de trente ans à la mémoire de l’histoire du peuple arménien. Il a pu témoigner en première ligne de cette nouvelle guerre de 44 jours en Artsakh.

Passionné par le tirage photo.

Le parcours de Antoine Agoudjian est très lié au tirage photo. En effet, au début de sa carrière il partage son activité entre la photographie et le tirage noir et blanc.

Initié par Pierre Gassmann et surtout Voya Mitrovic, il devient Artisan tireur ce qui lui as permis de révéler sa démarche artistique qu’il perpétue dans son propre laboratoire.

Pour cette exposition nous avons tout mis en oeuvre pour satisfaire sa vision. Cet échange, basé sur un dialogue constant a permis à nos équipes de trouver la parfaite finition.

“Je ne travaille que sur la lumière, l’idée n’étant pas de contraster, densifier et de jouer sur la chromie de façon artificielle et inconsciente mais d’avancer pas a pas, avec clairvoyance et pugnacité jusqu’à ce que l’image soit aboutie et me rende heureux. “

En fait je suis mon propre tireur, je construis seul l’architecture de mes images sur mon Mac à la façon du tirage N&B sous mon agrandisseur. Puis, j’envoie au labo un fichier abouti et prêt à tirer. Le tireur doit alors respecter mes valeurs, de la même manière qu’un imprimeur de livre.

Le technicien doit tout de même être doté d’une culture d’image et maîtriser son outil. Il y a toujours des imprévus et parfois une ou deux images à revoir. Yonnel chez Initial labo est infiniment généreux, doué et épris d’une sincère volonté de respecter ma démarche photographique.

Antoine Agoudjian

Antoine Agoudjian à Visa pour l’Image

Le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie lance une offensive militaire sans précédent contre l’Artsakh (Haut-Karabakh). En 1921, une décision de Staline rattache arbitrairement cette région, majoritairement peuplée d’Arméniens à la république d’Azerbaïdjan.

En 1991, après l’effondrement de l’URSS, le territoire avait autoproclamé son indépendance. Or depuis, l’Azerbaïdjan refuse d’en perdre le contrôle. En trois décennies, plusieurs conflits ont eu lieu, jusqu’à celui de l’automne 2020, soldé par un cessez-le-feu le 9 novembre.

Une fresque universelle

La photographie a ouvert la boîte de pandore d’une mémoire enfouie en moi. Né en France, j’ai entrepris il y a trente ans dans la pénombre une quête vers la lumière en cherchant à mettre en images les récits légués par mes grands-parents rescapés d’un génocide, celui des Arméniens en 1915. Jusqu’en 2015, j’ai constitué une fresque en noir et blanc chargée de la mémoire d’un monde anéanti, cherchant la trace de vestiges engloutis dans des lieux empreints du vide laissé par l’effacement d’un peuple.

Il y a six ans, je décide de passer à la couleur et initier une symbiose entre mémoire et histoire. Je souhaitais par cette rupture esthétique intégrer le réel dans ma démarche, afin que le présent se superpose au passé. Cynique dialectique de l’histoire où l’on retrouve l’éveil des stigmates légués par l’Empire ottoman au crépuscule de son existence.

Distribution de nourriture et de vêtements organisée par les autorités de l’Artsakh et diverses ONG dont la Croix-Rouge. Stepanakert, capitale de l’Artsakh. © Antoine Agoudjian pour Le Figaro Magazine © Antoine Agoudjian for Le Figaro Magazine Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

En quête d’un ennemi

La Turquie est l’héritière d’un crime impuni sur lequel s’est bâtie sa république en 1923, assimilant dans cet héritage une haine et une violence consubstantielles à l’impunité dont elle a bénéficié. Par son déni, elle est dans la quête perpétuelle d’un ennemi intérieur qu’elle veut tenir pour responsable de tous ses maux. Hier les Arméniens, aujourd’hui les Kurdes.

Le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan, qui revendiquait la souveraineté d’un territoire qui lui fut arbitrairement offert par Staline en 1921, attaquait la république d’Artsakh, majoritairement peuplée d’Arméniens, dans une vaste offensive militaire orchestrée par la Turquie. Dans un silence assourdissant et bénéficiant d’une inertie suspecte de la Russie, une puissante coalition militaire équipée d’armes modernes, et épaulée par des djihadistes transférés de Syrie par la Turquie, maintiendra l’offensive pendant 44 jours sur cette petite république habitée par un peuple présent sur ces terres depuis l’Antiquité.

Repli progressif des positions militaires arméniennes après la signature du cessez-le-feu. Une force d’interposition russe sera déployée durant cinq ans sur les zones sensibles afin de prévenir de nouveaux affrontements.Région de Martouni, Artsakh. © Antoine Agoudjian pour Le Figaro Magazine Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Un discours pour sauver un peuple

Jean Jaurès prononça le discours historique « Il faut sauver les Arméniens » à la Chambre des députés en 1896. Il y dénonça les massacres hamidiens commis contre les Arméniens, plus que jamais d’actualité aujourd’hui. Soutenu par des intellectuels français, il interpellait le gouvernement français sur les massacres perpétrés à l’encontre des Arméniens.

L’offensive turco-azerbaïdjanaise sur l’Artsakh à l’automne 2020 constitue le parachèvement du processus génocidaire initié il y a cent ans. Il conduisit à la presque totale disparition des populations chrétiennes autochtones – arméniennes, grecques, syriaques et chaldéennes – de l’Empire ottoman.

Antoine Agoudjian

Sur la ligne de front au nord du territoire, le colonel Arthur Sarkissian (à gauche) s’entretient avec des soldats. Il sera tué deux jours plus tard lors d’un bombardement dans la région de Martouni, au sud. Région de Martakert, Artsakh. © Antoine Agoudjian pour Le Figaro Magazine Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Lauréat du Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) 2021

Exposition visible à l’église des Dominicains du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre

Retrouvez prochainement une interview de Antoine Agoudjian dans notre podcast MANDARINE.

Initial LABO est partenaire du Festival Visa pour l'image 2021 depuis de nombreuses années. 

Rendez-vous international du photo-journalisme, cette institution permet de prendre le pouls de notre planète au travers ses reportages.

Festival Visa pour l'image 2021 - Initial Labo
Photo : Mazen Saggar

Initial LABO est partenaire du Festival Visa pour l’image 2021 depuis de nombreuses années. 

Rendez-vous international du photo-journalisme, cette institution permet de prendre le pouls de notre planète au travers ses reportages.

Un festival fondé sur des valeurs fortes

La mission d’un photo-reporter n’est pas simplement de prendre des photos. Cet instant n’est qu’une étape d’un processus beaucoup plus complexe. Celui-ci passe par une recherche journalistique, une enquête de terrain, une remise en cause critique de son travail. Le reporter doit prendre du recul pour trouver le moyen de faire rayonner son témoignage de la réalité du terrain.

En effet, mettre en avant ce travail si précieux, c’est aussi mettre en avant des photo reporters d’origines différentes et apportant chacun un regard singulier au monde qui nous entoure. Et, cette portée internationale est valorisée par la représentation de 52 pays lors de cette éditions 2021.

Une introduction de Jean-François Leroy

Jean-François Leroy, avec ses mots, nous permet de mieux saisir la portée de ce festival :

“Elle nous aura terriblement manqué. La lumière des projecteurs du Campo Santo devrait à nouveau illuminer nos soirées perpignanaises en septembre prochain. Six soirées de projection pour découvrir, à vos côtés, une centaine des meilleures productions photojournalistiques de l’année écoulée. Ces sujets que nous avons reçus du monde entier témoignent d’une chose : non, la planète ne s’est pas arrêtée de tourner.

Bouleversées par cette pandémie qui s’est inscrite comme l’événement majeur de ce début de siècle, nos sociétés ont continué de traverser d’autres crises, de subir de nouveaux conflits. De la Birmanie au Haut-Karabakh, de l’Éthiopie à la Colombie, le Covid-19 n’aura pas réussi à essouffler la marche du monde. Et les photojournalistes sont, encore et toujours, les témoins précieux de ces chapitres de l’Histoire. Ces productions, nous les devons à leur talent et à leur dévouement, bien sûr. Mais n’oublions pas les quelques journaux et agences qui, malgré un contexte économique toujours plus difficile en France comme ailleurs, continuent d’être les garants d’une information vérifiée et fiable en envoyant leurs journalistes sur le terrain. Sans eux, la plupart des expositions qui orneront les murs du Couvent des Minimes et de l’Église des Dominicains n’auraient pu voir le jour.

Dans cette époque en proie aux nouveaux obscurantismes, où l’indignation fait rage et où nous sommes à la fois acteurs et victimes d’une désinformation anxiogène, ces reportages nous permettent de réfléchir et de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. C’est à cela que servent la lumière du Campo Santo et Visa pour l’Image : mieux comprendre, pour ne plus avoir peur.”

Jean-François Leroy
10 mai 2021

Vivez plus intensément le festival Visa pour l’image 2021

Cette année nous avons décidé de vous faire vibrer au rythme du festival et témoigner de la formidable énergie dépensée par Jean-François Leroy et Delphine Lelu, respectivement directeur et directrice adjointe du festival, mais également par leurs équipes.

Nous vous proposerons dans différents articles un éclairage sur les expositions que nous avons produites :

Antoine AGOUDJIAN. Arméniens, un peuple en danger
David BURNETT. Les séniors du sport
Olivier JOBARD. Ethiopie, exil et dérives
Vincent MUNIER. Rétrospective
Mélanie WENGER, Sugar Moon.

Mais également nos “Coups de coeurs”

MANDARINE, le podcast de Initial LABO consacrera plusieurs épisodes au Festival. 
 
Dans notre librairie retrouvez l’espace consacré aux livres des expositions de cette 33ème éditions.

Vivez pleinement Visa pour l’image avec Initial LABO 

Initial LABO

Parade de tanchos (grues du Japon). Hokkaido, Japon. © Vincent Munier Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Visa Pour l'Image Antoine Agoudjian Initial Labo
Distribution de nourriture et de vêtements organisée par les autorités de l’Artsakh et diverses ONG dont la Croix-Rouge. Stepanakert, capitale de l’Artsakh. © Antoine Agoudjian pour Le Figaro Magazine © Antoine Agoudjian for Le Figaro Magazine Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 33e édition du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image – Perpignan” 2021

Pour prolonger l’été, Initial Labo et François Darmigny vous proposent une rentrée placée sous le signe de la vitesse, de la liberté et du style.

François Darmigny, photographe et motard dans l’âme
Il découvre Wheels & Waves par hasard en 2016 et fond dans cet univers de passionnés dont il parle la même langue.

Wheels & Waves, un festival de légende
Inclassable, iconique et incontournable il est aujourd’hui une référence pour les amoureux de mécanique, de liberté et de style.

Découvrez la piézographie
Cette technique d’impression utilisant des pigments de charbon et de carbone révèle toutes les nuances de gris des photos de François Darmigny.

Réservez votre place gratuitement pour le vernissage pour rencontrer François Darmigny  à Boulogne-Bilancourt.

Francois Darmigny Wheels and Waves Initial Labo
Wheels and Waves by François Darmigny / Initial Labo

Le collectif MYOP et Initial Labo vous invitent à découvrir la collection Myopzine par ces auteurs autours de conférences et rencontres.

Participez aux animations organisées dans le cadre de la sortie de l’intégrale de la collection Myopzine.

Ce projet, conçue et édité par l’agence MYOP, collectif d’auteurs français exprimants leurs interrogations sur le monde d’aujourd’hui à travers leurs récits photographiques.

19 photographes et 19 univers photographiques

Pour cet événement, les photographes de l’agence MYOP, en étroite collaboration et avec le soutien de Initial Labo, réaliseront une installation photographique couvrant l’ensemble de la collection.

Un coffret comprenant des tirages collectors exclusifs

Sera également présenté le coffret collector de la collection Myopzine, comportant les 21 numéros ainsi que 19 tirages photographiques.

Des rencontres et échanges avec les photographes de MYOP

Ce lancement sera rythmé par des projections, des signatures et des conférences, permettant à l’agence MYOP et à Initial Labo de partager avec leur public leur passion commune pour la photographie.

Nous vous proposons plusieurs conférences présentant d’une part le concept Myopzine (de l’idée à la réalisation) et d’autre part le travail de plusieurs photographes participants au projet.

Réservez votre place gratuitement et rencontrez les photographes de l’agence MYOP à Boulogne-Bilancourt.


Samedi 5 septembre 16h – 19h : Guillaume Biney | Pierre Hybre | Alain Keler | Oan Kim | Stéphane Lagoutte.

Vendredi 11 septembre 18h – 20h : Pascal Maitre | Agnès Dherbeys | Ed Allcock | Julien Pebrel | Olivier Jobard | France Keyser.

Samedi 12 septembre 16h – 19h : Olivier Monge | Jean Larive | Marie Dorigny | Julien Daniel | Jérémy Saint-Peyre | Olivier Laban-Mattei.

MYOP Myopzine Exposition Initial Labo
L’agence MYOP sort l’intégrale Myopzine avec Initial Labo.
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