Dandy est la référence des magazines masculin de mode et de luxe . Il cultive les valeurs de l’élégance, du savoir être et du savoir vivre. Il s’attache à tout ce qui fait le style : l’habillement et l’accessoire, l’automobile, mais laisse aussi une large part à la culture. Initial LABO partage les même valeurs au sein de son concept store et c’est tout naturellement que Dandy nous à proposé d’écrire la rubrique “Un moment de photographie avec Initial LABO”. Vous pourrez y retrouver des interview de nos photographes (Emanuele Scorceletti, Stéphan Gladieu, Alizée le Maoult et Clarisse Rebotier ), mais également l’actualité des Festivals photographiques.
Dans le numéro 3 découvrez-en plus sur Alizée le Maoult ainsi que le festival Visa pour l’image en consultant l’article dans la rubrique spéciale “Un moment de photographie avec Initial LABO” dans le magazine Dandy.
Le Festival Escales photographiques ou festival du Mor Braz oaccroche depuis 2013 des reportages photos dans 6 communes de la Baie de Quiberon : Locmariaquer, La Trinité-sur-Mer, Plouharnel, Le Palais (Belle-Île-en-Mer), Houat et Hoëdic. Découvrez jusqu’au 31 octobre les expositions de Erwan Amice, Yann Audic, Erwan Balanca, Maud Bernos, Franck Bettermin, Denis Bourges, Daniel Cariou, Xavier Dubois, Charles Freger, Pierre Jamet, Laurent Laveder, Rodolphe Marics, Pierrot Men, Chris Miller, Emile Savitry…
Le festival « Escales Photos » est l’unique événement photographique en libre accès présent simultanément sur 6 communes de la Baie de Quiberon.
Les visuels grand format créent sur chaque lieu une découverte itinérante, un cheminement propre à inviter l’imaginaire, à emprunter des sentiers inconnus révélateurs d’émotions et fixateurs d’expériences uniques.
Trois nouvelles créations produites en exclusivité pour le festival vous seront proposées cet été, soit 15 expositions qui sont autant d’histoires pour raconter son territoire.
FABRICE LE HENANFF & FABRICE PICARD – La vie ici, la vie là-bas (LOCMARIAQUER)
Rencontres avec des hommes et des femmes qui venus d’un ailleurs proche ou lointain pour se construire une vie ici dans le Mor Braz (Morbihan).
Fabrice Le Hénanff, est né en 1972 à Quimperlé, en Bretagne, où il vit encore aujourd’hui. Licencié en Arts Plastiques de l’Université de Rennes, il illustre régulièrement les pages du quotidien régional Le Télégramme de Brest.
La photographie de Fabrice Picard est intime. Elle résonne des questionnements qu’il pose sur le monde qui l’entoure et sur son être. Ses premiers travaux sur le couple et sur les animaux sont directement liés à sa condition gémellaire. Pour lui, la photographie est le visage gémellaire du monde, tout comme le visage de son frère était le miroir de ce qu’il vivait. Membre de l’agence VU depuis 1988, Fabrice Picard a participé à plusieurs expositions personnelles et collectives à travers la France et l’Europe (Arles, Marseille, Paris, Genève, Munich, Lisbonne, Cracovie, Bruxelles, Moscou…).
JULIETTE PAVY – La mémoire des Îles (HOUAT)
Juliette vit entre Paris et la Bretagne. Diplômée en école d’ingénieur en biologie elle est également photojournaliste, elle travaille avec Le Parisien, L’Humanité, Libération, …
La photographe développe une approche documentaire de la photographie autour de thèmes sociétaux et environnementaux.
En 2020 elle a remporté le prix jeune de RDVI pour sa série sur la pêche à la crevette “Paardevisser”.
FRANCK BETERMIN – Le MOR BRAZ Déjanté pour les Escales photographiques (HOEDIC)
Cette nouvelle exposition est la dernière création du malicieux photographe Franck Betermin : « Le Mor Braz déjanté » où comment mêler poésie, humour et patrimoine !
Formé aux arts et techniques visuels, Franck Betermin use de son regard comme d’un sixième sens pour révéler la profondeur d’âme et de champ de tout objet ou sujet qu’il prend pour cible. Élevé dans les coulisses de la compagnie de marionnettes de son père, il maîtrise désormais les ficelles de la mise en scène et offre le décor adéquat à chaque reportage qu’il entreprend.
Questions Xavier directeur du Festival Escales Photographiques de la baie de Quiberon
anie Wenger, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail "Sugar Moon" à l'occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l'image. Ce projet, qui à nécessité quatre années de travail, sera exposé pour la première fois. Une nouvelle étape que nous avons eu le plaisir de partager avec elle, les tireurs Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, étant en charge de donner vie à cette exposition.
Ana Maria Arevalo Gosen, à documentée les conditions de détention des femmes en Amérique latine, son travail à été primé par l’association Camille Lepage lors du Festival Visa pour l’image – Perpignan. L’Association Camille Lepage – On est ensemble a été créée le 20 septembre 2014, quelques mois après la mort de Camille Lepage en Centrafrique. Cette association a pour but de promouvoir la mémoire, l’engagement et le travail de Camille.
Pour la cinquième année consécutive, la SAIF, Société des auteurs des arts visuels et de l’image fixe, s’engage pour financer le prix à hauteur de 8 000 euros afin d’encourager le travail d’un photojournaliste engagé au long cours
Pour l’occasion nous avons échangé avec Ana Maria, son état d’esprit à la veille de cette première, sa manière de travailler sur ce projet et la suite qu’elle souhaite y donner. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Dias Etenos”.
“UAUUU !!!! C’est un immense honneur d’être projetée durant cette édition de Visa, et j’en suis très reconnaissant. Surtout après avoir rencontré Maryvonne Lepage et les membres de la Saif, qui travaillent d’arrache-pied pour soutenir notre profession. Une partie de ma mission avec Dias Eternos est de faire passer le mot autant que je peux, pour amener un public plus large à parler de ce problème. Cela signifie beaucoup pour moi qu’ils soutiennent ma mission et j’ai hâte de continuer !”
“Dias Eternos”, un travail immersif et sensible.
“Une fois, un très bon photographe que j’admire beaucoup m’a dit que je devrais tomber amoureuse des gens que je photographie. Depuis, j’essaye de trouver chez mes protagonistes un lien, quelque chose qui nous unit, ça peut être n’importe quoi, d’une pensée en commun à un simple regard : le besoin de mieux connaître quelqu’un se voit facilement dans les yeux de L’autre. J’ai tendance à travailler avec des gens qui veulent participer activement au projet, de cette façon mes photographies prennent inévitablement une autre profondeur. Je discute avant avec mes protagonistes, je me présente, leur parle du projet que je fais, et j’ai un échange, parfois court ou long, puis, petit à petit, presque par intuition, la caméra se prend dans ma main , et je commence à photographier.
Dans ce projet, “Dias Eternos”, il était important de dialoguer avec les protagonistes, de nombreuses femmes salvadoriennes mourront en prison, leur peine dépasse les 100 ans, elles m’ont demandé de communiquer sur leurs situations, de demander aux gouvernements et aux représentants de leur permettre de revoir leurs enfants, d’aller dehors pour voir le soleil… Au Venezuela, elles sont abandonnées par le gouvernement, donc pour elles, c’est très agréable d’avoir quelqu’un qui s’occupe d’elles, de leur rendre visite, leur parle, leur demande comment elles se sentent, je me suis toujours senti en sécurité avec elles, nous nous traitons avec respect.
Rester en contact avec les prisonnières est difficile parce qu’à l’intérieur des prisons, elles ne sont pas autorisés à avoir des appels téléphoniques, et dans les centres de détention, elles ne restent pas longtemps… Mais je reste en contact avec certaines femmes qui ont quitté le centre de détention et sont libres maintenant. J’essaie de leur parler de leur processus de réinsertion dans la société, ce qui est terriblement difficile. elles sortent de cette expérience traumatisées, douloureuse, elles ont un sentiment de honte, souvent, la question qu’elles se posent est : qu’est-ce que je fais maintenant ?”
Poli-Valencia, Venezuela – March 2018. Maria kisses her daughter on visitation hours.She is 35 years old and accused of robbery. She was fierced by other immates for her violent behaviour and had several mental health problems.
Les suites de la série.
“Je vais parcourir lentement et patiemment chaque pays et prendre le temps de comprendre les particularités des raisons pour lesquelles ces femmes sont en prison et aussi documenter les conditions dans lesquelles elles se trouvent. Il est important que je complète le travail avec des choses qui me manquent, par exemple au Salvador, je suis allée à la maternité de la prison, que je n’ai pas visitée au Venezuela. J’ai également mené de très longs entretiens avec des femmes qui étaient en prison mais qui sont maintenant libérées pour mieux comprendre le processus de réinsertion et comment cette expérience les affecte. Ces femmes appartenaient au gang La Mara Salvatrucha, d’autres essayaient de sortir de la vie de gang et d’autres faisaient partie du groupe las 17, qui regroupe des femmes qui étaient en prison pour avortement.
Actuellement, je travaille avec le designer vénézuélien Ricardo Baez sur le livre de Dias Eternos of Venezuela.”
ILOPANGO, SAN SALVADOR, EL SALVADOR. – March 8, 2021. A woman sentenced to 8 years in prison poses for a portrait inside her cell in the sector D exclusive for women sentenced for gang related crimes. The tattoo on this woman’s forehead is the number 18 in Roman numerals and also the name of one of the main gangs in the country.
DÍAS ETERNOS.
Au Venezuela, le système de justice pénale ne fonctionne pas de la même manière pour tout le monde. Il supprime les droits des membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la société. Des milliers de femmes, la plupart en attente de jugement et présumées innocentes, sont détenues pendant 45 jours, mais la crise vénézuélienne a complètement modifié cette notion.
La situation à l’intérieur des centres de détention est un cauchemar. Ils sont sombres, chauds, surpeuplés et claustrophobes. Les détenues ne reçoivent ni nourriture, ni eau, ni soins médicaux. Certaines sont abandonnées par leur famille et ont besoin d’une aide extérieure pour survivre.
Les femmes ne sont pas séparées des hommes (sans parler des transgenres et des mineurs). Il n’y a pas de séparation entre les criminels condamnés et les personnes en attente de jugement. Les femmes enceintes présentent des infections et une perte de placenta, une complication potentiellement mortelle.
Vivre dans ces conditions ne permet ni la réhabilitation ni la réconciliation. “Quand nous sortirons d’ici [de la prison], si nous le faisons, nous serons des gens pires qu’avant la prison”, a déclaré Yorkelis (21 ans), qui a été détenu il y a deux ans. Elle appelle « Chinatown », une prison dont la cellule unique est surpeuplée de 60 femmes, sa maison.
Certaines de ces femmes sont victimes d’abus dans leur famille ou de coercition par des hommes pour commettre un crime. Les motifs de leur détention sont liés à la drogue, au vol ou à caractère politique. Erika Palacios, est la première femme accusée de la « Loi contre la haine », qui interdit toute manifestation contre le gouvernement.
Face à cette terrible réalité carcérale, un débat public et une action politique au Venezuela et dans la société latino-américaine sont nécessaires et doit témoigner sur la souffrance de la population incarcérée afin d’aider à remédier à certains de ces problèmes. Il est urgent de contribuer à la mise en place d’institutions pénitentiaires qui ne violent pas les Droits de l’Homme des détenus.
Le prix Camille Lepage remis à Ana Maria Arevalo Gosen durant le Festival Visa pour l’image lui permettre de poursuivre son travail.
LA YAGUARA CENTER OF DETENTION, CARACAS – March 2018.
The leg of Hainni, 17, also goes by the name of “38”, which is the caliber of the gun that is tattooed on her leg. She was accused of homicide.
“Dias Eternos” de Ana Maria Arevalo Gosen a été réalisé avec le soutien de la bourse 2018 Women Photograph + Nikon et d’une bourse de voyage Pulitzer Center on Crisis Reporting.
Retrouvez prochainement une interview de Ana Maria Arevalo Gosen dans notre podcast MANDARINE.
POLI-VALENCIA, CARABOBO – February 2017. Jakelin Rivero, 21, charged with robbery, is eight month pregnant. She waits to have a bath with buckets of water at an improvised outdoor toilet made from a cardboard by the police. About a hundred detainees use the same toilet bowl and shower in the same place.
Pour suivre le travail de Ana Maria Arevalo Gosen :
Photographe documentaire, Giles Clarke à été sélectionnée pour exposer son travail sur le Yemen à l’occasion de la 33ème édition de Visa pour l’image.
Pour l’occasion nous avons échangé avec Giles, son état d’esprit à la veille de cette première, sa manière de travailler le tirage et ces débuts comme tireur à Londres. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Yemen : conflit et chaos”.
“C’est très important pour moi d’être sélectionné pour Visa pour l’image – Perpignan. Je respecte profondément la vision de Jean François et de son équipe. Ce festival est unique en ce qu’il se consacre uniquement au photojournalisme et au reportage. Parmi tous le festival, c’est celui ou, nous les photojournalistes, voulons montrer notre travail en premier.“
Les débuts à Berlin-Ouest
“Après avoir quitté l’école au Royaume-Uni, je ne savais pas quoi faire de ma vie alors j’ai déménagé à Berlin-Ouest au milieu des années 80. J’ai rapidement travaillé comme assistant camera 16mm pour une société de production d’informations, je passais mon temps libre à photographier les rues de Berlin-Ouest .
J’ai rapidement construit ma propre chambre noire dans l’appartement d’un ami et j’ai commencé à prendre des photos. Ma toute première mission était à Berlin-Est pour le Daily Express britannique à Berlin-Est en 1986 – un travail qui m’a fait arrêter et détenu pendant 12 heures dans une cellule à Checkpoint Charlie. J’ai été interdit d’entrer en Allemagne de l’Est pendant un an !
Berlin-Ouest à l’époque était un endroit étrange où vivre – une scène artistique fantastique mais encore beaucoup de ruines de guerre partout. La ville était entourée d’un haut mur et de gardes armés. Les trois années où j’ai vécu là-bas ont été un moment fort pour moi. C’était une ville grise mais visuelle… et l’endroit où j’ai eu pour la première fois envie de raconter des histoires avec une caméra.
J’ai utilisé un appareil photo Olympus OM2 et un film Kodak Tri-X. Je photographiais la ville pendant quelques jours, puis je disparaissais dans la chambre noire pour quelques longues nuits de développement et d’impression de films. C’était mon propre apprentissage vivant… et là où tout a commencé. faire l’amalgame entre le photographe et le sujet photographié. Cette distinction est importante.”
L’apprentissage du tirage photographique.
“J’ai travaillé pendant 10 ans en tant que tireur noir et blanc professionnel avec la plupart des travaux orientés vers la photographie commerciale comme la mode et la beauté. Pour moi, il s’agissait toujours de comprendre l’équilibre entre les niveaux de gris, la tonalité et le cadrage – et ensuite cette relation subtile avec le sujet dans l’image.
J’ai aussi appris à travailler vite et sous la pression du temps, ce qui m’a beaucoup aidé depuis. Travailler dans le studio Avedon au milieu des années 1990 a été un moment fort – traiter des négatifs de film 10 par 8 et imprimer des feuilles contact pendant la nuit. Il descendait tôt le matin et voyait comment nous allions.“
La relation tireur-photographe.
“Un bon tireur doit comprendre ce que le photographe essaie de dire ou de communiquer. Souvent, nous expérimentons différentes chimies et différents papiers. Comment créer une série d’images qui communique au mieux la vision du photographe pour cette histoire particulière ?
En fin de compte, il s’agit de comprendre les niveaux de gris et de savoir comment les utiliser. Une telle gamme de tons était possible avec un bon négatif. Pensons-nous à un look doux et tonal ou allons-nous pour une sensation dure et contrastée ? Il s’agissait toujours d’explorer les possibilités. Toutes ces réflexions m’ont aidé aujourd’hui lorsque je retouche des images – en couleur ou en noir et blanc.
Je dis souvent aux étudiants en photographie que si jamais vous avez la chance de travailler dans une chambre noire, faites-le ! Je pense que c’est une partie créative importante du processus…..travailler avec de la lumière projetée, un négatif et du papier photo revient à l’essentiel et il faut poser différentes questions… contrairement au fait de rester assis devant un ordinateur.”
2019 – 2021, une période particulière.
“J’habite à Harlem NY et j’ai couvert les protestations des infirmières et du personnel médical pendant les premiers jours sombres de la pandémie. Je parcourais la ville dans différents hôpitaux. J’ai également passé 6 semaines au Yémen en novembre et décembre 2020, ce qui constitue l’essentiel du travail qui sera exposé dans mon exposition à Perpignan cette année.
La pandémie a également été un moment important pour moi car elle m’à imposée d’arrêter de voyager un instant. J’avais besoin de revenir sur les dernières années de travail et de réapprendre à être à nouveau immobile. Courir vers des zones de conflit tous les deux mois devient fatiguant… et il y a plein histoires qui se passent en bas de ma rue, à Harlem et qui méritent d’être racontées.”
En mars 2015, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite et soutenue par plusieurs gouvernements occidentaux dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, a lancé une campagne de bombardements aériens intense et prolongée contre le Yémen. Selon l’ONU, la guerre a fait au moins 230 000 victimes. Une grande partie des infrastructures déjà fragiles du pays ont été détruites.
La coalition militaire est intervenue après que les rebelles houthis ont renversé le gouvernement reconnu par la communauté internationale à la fin de 2014. À mesure que la guerre s’étendait, les Houthis se sont progressivement rapprochés de l’Iran et ont pris le contrôle de vastes régions du Yémen.
Les civils premières victimes collatérales.
Depuis 2015, la guerre se mène sur de nombreux fronts qui ne cessent de se déplacer, d’Hodeida sur la mer Rouge à la ville aujourd’hui divisée de Taïz. En 2020, des combats ont éclaté dans la région désertique de Marib alors que les Houthis cherchaient à rejoindre les champs pétroliers du pays. Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, près de quatre millions de personnes ont dû fuir et vivent désormais dans des camps pour déplacés internes.
Le Yémen est confronté à la plus grande crise humanitaire au monde, et le prochain chapitre de cette tragédie s’annonce encore sombre. Les Nations unies estiment que la plupart des victimes de la guerre sont mortes de « causes indirectes », à savoir la maladie et la famine. Depuis le début de la pandémie mondiale en mars 2020, la propagation du Covid-19 a été difficile à suivre au Yémen. Les rapports sont invérifiables et les infrastructures de santé insuffisantes, mais des images satellites ont révélé plusieurs fosses communes dans certaines zones.
Une situation mouvante.
Depuis 2016, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite continue d’imposer un blocus sur les biens de première nécessité dans les ports de la mer Rouge desservant une grande partie du nord du Yémen, et les denrées alimentaires sont inabordables en raison des restrictions portuaires et de diverses complications. Avec l’évolution permanente des lignes de front entre les forces gouvernementales yéménites et les forces houthies ainsi que la présence d’Al-Qaida et d’autres groupes militants dans le pays, les combats incessants ont interrompu la distribution de l’aide humanitaire, et la menace de la famine commence à planer sur le pays.
L’exposition montre un pays fracturé par la guerre et les rivalités tribales, un pays où les civils sont condamnés à une lutte perpétuelle, piégés dans un présent hanté.
Texte : Giles Clarke pour Visa pour l’image
Ces reportages ont été réalisés avec l’aide de l’ONU (UN OCHA)
Exposition de Giles Clarke, “Yemen, Conflit et Chaos” est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre
Retrouvez prochainement une interview de Giles Clarke dans notre podcast MANDARINE.
Les expositions phares du festival photo Visa pour l’image 2021 par Initial LABO, nos tireurs, Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, ont eu le plaisir de travailler sur l’exposition rétrospective de Vincent MUNIER.
Visa pour l’image vous plonge dans un monde poétique
À travers cette exposition, Vincent Munier invite les visiteurs de Visa pour l’Image à déployer leurs ailes pour un voyage poétique tout naturel, sans frontières géographiques, avec la beauté du monde sauvage pour horizon.
Un voyage en quête de lumières, d’abord : celles, subtiles, des moments crépusculaires du petit matin et du soir ; la lumière aveuglante de la neige, la lumière ouatée de la brume ; celle du clair de lune, celle qui subsiste même dans la nuit noire. Un voyage en quête de rencontres, bien sûr : un bestiaire sauvage s’expose ici, de la minuscule fourmi au grand cerf, du modeste moineau à la panthère des neiges, de l’invisible lièvre arctique à l’ours polaire.
Vincent Munier, à la rencontre de la nature.
La rencontre avec l’oiseau est bien souvent la plus fugace – le temps d’un froissement de plumes… il a déjà glissé ailleurs. Les plus grandes espèces offrent davantage de temps au photographe pour penser son cadrage, en prenant la pose : grues du Japon en parade amoureuse sous la neige, manchots empereurs serrés en colonie pour affronter le blizzard, harfangs des neiges en chasse dans les vastes étendues blanches.
Pour rencontrer les grands mammifères terrestres (ours brun, ours blanc, lion d’Afrique, loup arctique…), l’approche est différente : le photographe acquiert une connaissance fine des milieux et territoires sur lesquels ils évoluent, et se fait pisteur. Il lui faut lire les traces plus ou moins ténues des passages répétés des animaux, repérer les places de chasse, de parade ou de repos, afin de pouvoir élire le meilleur poste d’observation pour dresser son affût, ou simplement s’allonger à ras de terre, sous un filet de camouflage, derrière un rocher ou sous le couvert végétal. Se fondre dans le décor, masquer son odeur, émettre le moins de sons possible ; l’activité est solitaire et la magie opère bien plus facilement si le photographe est seul sur le terrain, tous ses sens en éveil.
Quel que soit le continent, quel que soit le paysage arpenté, qu’il soit finalement tout proche ou extrême, les moteurs sont les mêmes pour Vincent Munier : vivre et revivre l’espoir d’avoir choisi « le bon endroit, le bon moment », le frisson de l’attente, et l’émerveillement lorsque la bête surgit.
Montrer la beauté du monde a-t-il encore du sens aujourd’hui, à l’heure où chaque strate de notre environnement se trouve dégradée, où quasi chaque objet de notre quotidien masque un désastre écologique ?
Vincent Munier se pose cette question depuis de nombreuses années et la soumet avec sincérité au public de Visa pour l’Image et à ses confrères du photoreportage. Célébrer la beauté de la nature ou témoigner des atteintes qui lui sont faites : les deux démarches ont sans doute leur place et relèvent d’un engagement qui peut être tout aussi profond et lucide.
Chacun d’entre nous a besoin de côtoyer la beauté dans son existence. Et notre émerveillement, doublé d’une meilleure connaissance / éducation à l’environnement, a indubitablement pour corollaire le désir de le protéger. « Se contenter du monde, lutter pour qu’il demeure », écrit Sylvain Tesson. Dans cette lutte, l’humilité et la responsabilité des humains face au reste du monde vivant devraient peser le même poids et marcher ensemble.
Vincent Munier est photographe animalier et naturaliste. Né dans les Vosges, en France, Vincent se passionne pour la photographie dès l’âge de 12 ans, passant la majeure partie de son enfance à photographier les animaux sauvages des forêts de sa région natale.
Vincent nourrit un profond respect et une grande passion pour la nature, et a photographié la faune sauvage aux quatre coins du monde. Parmi ses projets les plus remarqués figurent les loups blancs immortalisés sur l’île d’Ellesmere au Canada, ainsi que les cygnes et les grues prises sur l’île japonaise d’Hokkaido.
Vincent est le premier photographe à avoir reçu le prix du Photographe BBC Wildlife de l’année, « Erik Hosking Award », trois années de suite. Ses photographies sont exposées dans les galeries d’art et publiées dans divers magazines prestigieux à travers le monde. Il a publié ses propres livres de photographie chez Kobalann, la maison d’édition qu’il a fondée en 2010.
Le Festival photo Visa pour l’image présente une exposition rétrospective de Vincent Munier
Exposition visible au Couvent des Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre
Retrouvez prochainement une interview de David Burnett dans notre podcast MANDARINE.
Les expositions phares du festival photo Visa pour l’image 2021 par Initial LABO, nos tireurs, Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, ont eu le plaisir de travailler sur l’exposition “les séniors du sport” par David Burnett.
Les séniors et l’amour du sport
Mon métier de photographe me fait parcourir le monde depuis plus de cinquante ans pour couvrir les événements internationaux les plus marquants. Mais c’est aux États-Unis que j’ai découvert les compétitions sportives réservées aux seniors, femmes et hommes, qui voient s’affronter des amateurs acharnés, d’autres qui se sont lancés après leur retraite, ainsi que d’anciens athlètes que l’âge a fait disparaître des grandes rencontres. Ils ont de 55 à 90 ans et plus. Toutes et tous partagent une même solidarité et un même désir de contrer la marche du temps.
J’ai vite compris tout ce que j’avais en commun avec eux : l’amour du sport, l’attrait de la compétition et l’entrée progressive dans une nouvelle tranche de vie. Depuis 1984, je couvre chacun des Jeux olympiques d’été en transportant toutes sortes d’appareils photo, ce qui constitue une véritable activité sportive. Ici, j’ai allégé mon dispositif en travaillant sans jamais recadrer les images, uniquement avec des boîtiers numériques et des objectifs qui produisent des formats légèrement différents.
L’âge, à mesure qu’il devient « grand », cloisonne toute une population et tend à la rendre invisible dans une société normée par les apparences d’une jeunesse éternelle. La pandémie a rappelé de façon dramatique l’existence des seniors en soulignant leur fragilité et leur besoin de protection, et interroge avec force sur la perception que chacun se fait de la vieillesse. Vulnérables, les seniors ? Je montre qu’ils ne le sont pas tous. Bien sûr, les sportifs que j’ai suivis ont des rides, leur corps est parfois courbé, enrobé aussi, plus raide, leurs mains déformées, leurs performances ne sont pas spectaculaires, mais leur force vitale est intacte et leur compétitivité puissante. Le plaisir de l’effort et du résultat, aussi modeste soit-il, emporte tout.
Le sport, un nouveau cycle de vie pour les séniors.
Marsh Welsh, hockeyeur sur glace de 95 ans, suscite ainsi l’admiration d’un de ses coéquipiers plus jeune : « Si vous l’aviez vu à 80 ans, on aurait dit qu’il volait ! » Ces athlètes aux cheveux blancs incarnent un modèle différent du sport. Le maintien d’une certaine condition physique préserve leur santé et donne une tout autre allure au quatrième cycle de la vie. En réalisant ce sujet aux États-Unis, qui offrent une exceptionnelle variété d’activités sportives, cela me permet de montrer des populations de diverses origines, unies dans un même dépassement de soi.
Les droits humains sont au cœur de ma photographie et je cherche à transmettre une meilleure compréhension du monde. Dans ces images stimulantes des seniors, je vois une forme d’espoir en notre capacité à évoluer et à nous accomplir, à tout âge. C’est une source d’inspiration pour des millions de personnes, toutes classes sociales confondues. Le Français Robert Marchand, surnommé « le plus vieux cycliste de la planète », recordman de l’heure chez les plus de 105 ans et mort en mai dernier à l’âge de 109 ans, déclarait : « Tous les records sont battus un jour ou l’autre, le plus difficile c’est de vivre cent ans. » On peut toujours essayer.
À partir 1979, il publie de nombreux articles sur la révolution iranienne dans Time (en particulier un portrait de l’ayatollah Khomeini pour « Homme de l’Année »).
Il est diplômé de Colorado College en 1968 et commence à travailler comme photographe pigiste pour Time et Life, d’abord aux États-Unis puis au Viêt Nam. Après deux années au Viêt Nam, il rejoint l’agence photo Gamma et parcourt le monde pendant deux ans pour son service de presse.
En 1975, il cofonde, à New York, une nouvelle agence photo, Contact Press Images. Depuis 30 ans, il voyage et travaille beaucoup pour la plupart des grands magazines aux États-Unis et en Europe. Il couvre les Jeux olympiques d’été depuis 1984.
En 2004, Burnett utilise une chambre photographique « Speed Graphic », un appareil grand format, avec un objectif 178 mm f/2.5 Aero-Ektar récupéré d’un appareil K-24 pour la photo aérienne, pour couvrir la campagne présidentielle de John Kerry.
Burnett a remporté des dizaines de récompenses de premier plan pour son travail, en particulier : en 1973, Prix Robert Capa Gold Medal du « Overseas Press Club » pour son travail au Chili en collaboration avec Raymond Depardon et Charles Gerretsen, « Magazine Photographer of the Year » de la « National Press Photographers Association », en 1979, le World Press Photo de l’année.
L’exposition les séniors du sport par David Burnett est visible a la Maison de la catalanité du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre
Retrouvez prochainement une interview de David Burnett dans notre podcast MANDARINE.
Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moments forts de chaque édition du Festival Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Le Monde au coeur du Campo Santo
Les soirées du Festival Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.
YASUYOSHI CHIBA – Ethiopie – Conflit dans le Tigré
Yasuyoshi Chiba est le photographe en chef de l’Agence France-Presse (AFP) pour l’Afrique de l’Est et l’océan Indien, actuellement basé à Nairobi, au Kenya.
Après des études de photographie à la Musashino Art University de Tokyo, il a commencé à travailler comme photographe pour Asahi Shimbun. Il devient photographe indépendant et s’installe au Kenya en 2007, puis rejoint l’AFP au Brésil en 2011.
15000 personnes ont trouvé refuge dans le camp d’Oum Raquba dans l’est du Soudan, à 80 km de la frontière. Ce camp tentaculaire a été construit au début des années 1980 pour secourir les habitants qui fuyaient la famine en Ethiopie. Selon l’ONU, près de 4% des réfugiés ont plus de 60 ans, voire plus de 70 ans. Certains d’entre eux sont arrivées seuls et ont perdu la trace de leurs proches, explique l’AFP.
FINBARR O’REILLY & MARK SEALY – Congo in conversation
Finbarr O’Reilly est un photographe indépendant et journaliste multimédia, et l’auteur du mémoire de non-fiction, Shooting Ghosts, A U.S. Marine, a Combat Photographer et Their Journey Back from War (Penguin Random House 2017). Finbarr a vécu pendant 12 ans en Afrique occidentale et centrale et a passé deux décennies à couvrir les conflits au Congo, au Tchad, au Soudan, en Afghanistan, en Libye et à Gaza. Il est le photographe de l’exposition du prix Nobel de la paix 2019 (exposition « Crossroads Ethiopia » autour du prix Nobel de la paix 2019 Abiy Ahmed Ali) et un collaborateur fréquent du New York Times. Son travail photographique et multimédia a remporté de nombreux honneurs dans l’industrie, dont la première place dans la catégorie Portraits aux World Press Photo Awards 2019. Il a également remporté le World Press Photo of the Year en 2006.
Mark Sealy s’intéresse aux relations entre la photographie et le changement social, la politique identitaire, la race et les droits humains. Il est directeur de l’institution d’art photographique basée à Londres Autograph ABP depuis 1991 et a produit de nombreuses publications d’artistes, organisé des expositions et commandé des photographes et des cinéastes du monde entier, y compris l’exposition acclamée par la critique ‘Human Rights Human Wrongs’ au Ryerson Image Centre, Toronto en 2013 et à The Photographers’ Gallery, Londres en 2015. Parmi les projets notables, citons l’exposition “The Unfinished Conversation: Encoding / Decoding” pour la Power Plant Contemporary Art Gallery de Toronto et des expositions acclamées sur les œuvres de James Van Der Zee, Gordon Parks, Carrie Mae Weems, Rotimi Fani-Kayode, Mahtab Hussain et Maud Sulter. En 2020, il a organisé la biennale Houston Fotofest, «African Cosmologies: Photography, Time And the Other».
What we have to do, on this side of the Equator, is think about how we help generate and tell those more complex stories, to help audiences see differently. We must break the chains of those visual burdens, which represent African countries in a way that has been historically and culturally debasing.
Bukavu’s fashionistas show off their style on a street this month. Raissa Karma Rwizibuku for Fondation Carmignac
Syrie – 10 ans de guerre
Le 15 mars 2011 était la date des premières manifestations en Syrie contre la dynastie Assad. Depuis lors, près de 400 000 personnes ont perdu la vie et 13 millions ont été déplacées. Bilan des dix dernières années de guerre.
Retrouvez la série de photographie de Vincent Munier projeté ce soir au Festival Visa pour l’image
CHLOE SHARROCK – Syrie : De Raqqa à Al Hol, une décennie de guerre
Née en 1992, Chloé baigne très tôt dans un environnement artistique dans lequel l’image est considérée comme un support privilégié pour véhiculer émotions et engagements. Elle s’inscrit d’abord dans des études d’histoire de l’art à Lyon, se spécialisant dans les courants artistiques du XIVe au XVIIe siècle, domaine qui influence encore aujourd’hui profondément l’esthétique de son travail. Elle termine ensuite sa formation par Cinema Studies à Paris, spécialisée dans l’esthétique et la réalisation de documentaires.
Motivée par un besoin pressant de témoigner de la tourmente du monde, elle décide en 2017 que son médium sera la photographie.
Après un an de travail régulier au Liban auprès de femmes libanaises, syriennes et palestiniennes, Chloé pousse un peu plus loin ses engagements et crée l’association « Alhawiat », promouvant le rôle des femmes dans la reconstruction des sociétés post-conflit au Moyen-Orient à travers des conférences et des panels de discussion en France.
Une croque-mort désespérée. Un maraîcher en colère. Un rebelle optimiste. Des refuzniks fatigués. Des habitants de Raqqa témoignent des horreurs de la guerre qu’ils vivent depuis dix ans à travers sa série de photographie.
Danish Siddiqui était un photojournaliste indien basé à Delhi, qui dirigeait l’équipe nationale de Reuters Multimedia. Il a reçu le prix Pulitzer 2018 de la photographie de reportage, au sein de l’équipe Reuters, pour avoir documenté la crise des réfugiés rohingyas. En 2021, il a été tué alors qu’il couvrait un affrontement entre les forces de sécurité afghanes et les forces talibanes près d’un poste frontière avec le Pakistan.
Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moments forts de chaque édition de Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Le Monde au cour du Campo Santo
Les soirées de Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.
SEAN SUTTON – Borno, Nigeria – Crise dissimulée
L’État du Borno au nord-est du Nigeria est en proie à une grave crise humanitaire.
Sean Sutton est photojournaliste et responsable des communications internationales pour le Mines Advisory Group (MAG), une ONG qui aide les personnes touchées par les mines terrestres, les munitions non explosées et les armes légères et de petit calibre. Cette interview coïncide avec le lancement de l’appel Home Safe Home de MAG pour retirer les mines terrestres et les bombes non explosées de tout le Liban
Le photojournaliste de MAG Sean Sutton est à Maiduguri au Nigeria, documentant les cicatrices cachées d’une crise des mines antipersonnel dans le nord-est du pays. Les mines posées par le groupe djihadiste et d’autres organisations militantes dans le nord-est constituent une menace mortelle pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays
Un camp pour personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI), qui était autrefois l’hôpital de district, à Bama, au nord-est du Nigeria. La ville a été détenue par Boko Haram pendant plus d’un an et a été attaquée à plusieurs reprises depuis que le gouvernement a repris le contrôle en 2015. Plus de 40 000 personnes vivent désormais dans le camp.
FONDATION YVES ROCHER – Albin Michel – Au nom de l’arbre
Brent Stirton, Juan Manuel Castro Prieto, Ulla Lohmann, Pascal Maitre, Emanuele Scorcelletti
La Fondation Yves Rocher a choisi de mettre en place un prix spécial en partenariat avec le Festival International de Photojournalisme Visa pour l’Image – Perpignan : le Prix de la Photographie de la Fondation Yves Rocher. Le prix est décerné à un photographe professionnel souhaitant réaliser un reportage sur des problématiques dans le domaine de l’environnement, des relations entre l’homme et la terre, ou des enjeux majeurs du développement durable.
“Là où la forêt disparaît, la Terre est meurtrie” Sylvain Tesson
La surface globale des forêts a été réduite de 40 % en 3 siècles, et chaque année 13 millions d’hectares de forêt — l’équivalent du Portugal — continuent de disparaître… Chaque fois, ce sont tout un écosystème, toute une biodiversité
qui disparaissent, nous rappelant au passage que si nous savons détruire la nature, nous ne la maîtrisons pas pour autant. Mais la situation n’est pas inéluctable : en effet, de la France à l’Éthiopie, de l’Inde à l’Équateur, des communautés se lèvent et se battent pour reboiser la planète. Ce livre — véritable éloge de l’arbre — leur rend hommage et montre, par des exemples concrets, comment replanter intelligemment, selon les besoins spécifiques de chaque région. Retrouvez son travail lors d cela projection de ce soir.
A family of refugee crawls under the controversial border fence being built by Hungary on its border with Serbia. The little girl???s hair gets caught in the barbed wire, and precious seconds are lost untangling her. The man lifting the wire does not make it across before the Hungarian border guards arrive, but he takes the risk again later and succeeds. While the fence is under construction, it is in fact possible for refugees and migrants to enter Hungary from Serbia walking down a railroad track, but they are confronted by police as soon as they cross the border via this route. Some are not aware of this possibility, others consciously choose to scale the fence in order to avoid the police, the registration and the fingerprinting, which in principle force them to seek asylum in Hungary. On Monday September 14, the fence was completed, effectively closing the Hungarian-Serbian border to refugees and migrants. R??szke, Hungary, August 27, 2015.
LUIS TATO – Afrique de l’Est : Invasion de criquets pèlerins
Tel un fléau biblique, l’Afrique de L’Est bataille depuis des années déjà contre l’invasion de criquets. Henry Lenayasa est chef de la colonie d’Archers Post, dans le comté de Samburu, au Kenya. Luis Tato le prend en photo alors qu’il tente de sauver ses cultures. Casquette sur la tête, masque Covid posé sous le nez, l’homme se débat contre un essaim de criquets. Les jambes étirées et les bras levés, il se prépare au combat. Mais que faire ? Le combat est déloyal. Des milliers d’insectes l’entourent. Un nuage de désolation qui s’étend à perte de vue. Début 2020, le Kenya a connu sa pire invasion de criquets pèlerins en 70 ans. Un seul essaim peut contenir entre 40 et 80 millions de criquets par kilomètre carré. Effrayant. Impuissance totale d’un continent dont les moyens de subsistance avaient déjà été amoindri par la pandémie mondiale.
Chapeau ou un chapeau kirghize tebetei, se poussent et se bousculent avec dextérité et endurance dans des combats sans peur alors qu’ils se battent pour la possession d’un jeune taureau de 60 kg.
Itin Bietov Jildizbek, un riche habitant de la région, a organisé un grand match d’Alaman-Ulak pour célébrer le 13e anniversaire de son fils Cherniaz. Des milliers de cavaliers sont venus concourir pour les prix qu’il offre tout au long de la journée ; 10 chevaux, 10 yaks, 10 chameaux, et le grand prix du jeu final, une voiture de marque Lada. Essayer de distancer vos adversaires avec une chèvre sans tête coincée entre votre jambe et votre cheval n’est peut-être pas votre idée d’un jeu amusant, mais au Kirghizistan, le Kok Boru est le sport national. Dead Goat Polo, comme certains l’appellent, ressemble plus à du rugby cavalier.
Généralement divisés en deux équipes de cinq (et des centaines ou plus dans une variante de style libre appelée Alaman-Ulak), des hommes intrépides à cheval courent d’un bout à l’autre du terrain poursuivant le cavalier avec possession en essayant de l’empêcher de marquer un point en soulever le corps de 20 kg dans le tai kazan (but) à chaque extrémité. Seuls les étalons sont utilisés dans ce jeu car ils sont naturellement antisociaux et désireux de combattre leurs rivaux. Les joueurs entraînent leurs chevaux à muscler les autres chevaux du peloton pendant qu’ils se battent eux-mêmes pour arracher la chèvre et galoper vers le but, claquant dans les pneus en caoutchouc qui encerclent le monticule d’un mètre de haut. La plupart des villages du pays ont un terrain de jeu, certains ont des stades officiels. Les équipes professionnelles disputent des tournois qui culminent avec les championnats nationaux qui ont lieu lors des festivités entourant Nowruz le 21 mars lorsque la nation kirghize célèbre le début du printemps.
Cette année (2020), la pandémie de coronavirus sans précédent a mis fin aux grands rassemblements publics mais des jeux non officiels continuent d’être organisés dans de nombreux villages.
Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moments forts de chaque édition de Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Le Monde au cour du Campo Santo
Les soirées de Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.
JEREMY LEMPIN – Docteur Peyo & Mister Hassen
France-Calais 30/11/2020 Centre de soins palliatifs de l’hôpital de Calais. Manon, 24 ans, atteinte d’un cancer généralisé enlacés son fils Ethan 7ans en présence de Peyo qui se laisse toucher et caresser par elle seule. ”Avec Peyo, on essaie de recréer de la vie dans la fin de vie, pour se battre, créer une énergie aux cotés des familles et des soignants.” me dit Hassen
Hassen et Peyo sont connus pour leurs participations aux compétitions et leurs spectacles equestres.
Peyo n’est pas un cheval comme les autres qui cherche le contact avec l’homme et aime être câliné, il a son caractère bien trempé. Pourtant, à l’issue de certaines personnes du public, il s’approche d’elles et décide de passer du temp à leurs côtés. Tout à coup, c’est comme s’il changeait de personnalité : Peyo devient doux et protecteur.
A force e l’observer Hassen comprend que son cheval choisit toujours des personnes affaiblies moralement, physiquement, psychologiquement. Il décide de se rapprocher de spécialistes : des cliniques vétérinaires, mais aussi des neurologues, psychologues, psychiatres et différents médecins spécialistes afin de tenter de comprendre cette attitude.
SARAH CARON – Les enfants perdus de Ratodero, Pakistan
Au centre de Rato Dero, qui compte une population estimée à 535 000 habitants, une grande place sert de dépotoir au lieu d’être aménagée en parc de loisirs, planté de verdure comme c’est le cas à Islamabad ou dans les villes du nord du Pakistan. Ici, les déchets ménagers et médicaux sont déversés quotidiennement et parfois brûlés ou non. Il ne semble pas y avoir de projet de ramassage des ordures dans cette ville, et encore moins de souci pour l’hygiène de ses habitants. L’odeur pestilentielle projette son arôme dans tout le quartier. Les enfants jouent sur ces montagnes d’ordures, souvent pieds nus ou en sandales. Les enfants traversent régulièrement cette friche.8 février 2021, Rato Dero, Sindh, Pakistan (Photo de Sarah Caron pour The NYT Magazine)
BULENT KILIC – Hasankeyf – Les derniers figues d’une ville engloutie
En Turquie, la cité d’Hasankeyf, vieille de 12 000 ans, a été engloutie par les eaux du barrage d’Ilisu sur le Tigre.
L’histoire ne fait pas le poids face à l’économie. En Turquie, le petit village de Hasankeyf, posé sur les rives du Tigre depuis 12 000 ans, va bientôt disparaître, englouti par le fleuve. La raison ? Le gouvernement a validé un projet de barrage et relogé les habitants sur la colline d’en face.
Le village classé au patrimoine mondial de l’Unesco a déjà les pieds dans l’eau. En Turquie, le hameau de Hasankeyf, posé sur les rives du Tigre depuis 12 000 ans, va disparaître d’ici quelques jours. La faute à la construction d’un barrage sur le fleuve, à 60 kilomètres en aval.
Les autorités ont déjà délogé les habitants et un nouveau bourg, baptisé « Nouveau Hasankeyf » est en construction sur la colline qui surplombe l’ancien village.
Si le gouvernement tente de récupérer les monuments historiques du site, les maisons troglodytes et 289 sites archéologiques du hameau vont bel et bien disparaître, rapporte la chaîne de télévision France 24. Et ce, malgré la contestation des habitants et d’organisation non-gouvernemtales locales. Voici quelques images de ce trésor, bientôt disparu, du patrimoine turc. Retrouvez la série de photographies projetée ce soir au festival Visa pour l’image.
Miguel Gutiérrez (1983. Bogotá, Colombie) est un photojournaliste qui dirige actuellement le département de photographie du bureau de Caracas, Venezuela de l’agence de presse internationale EFE, où il travaille depuis 2012.
De 2010 à 2011, il a travaillé comme photojournaliste couvrant l’actualité, la politique et le sport au Venezuela pour l’agence de presse internationale Agence France-Presse.
Ses photographies ont été publiées par The New York Times, The Washington Post, The United Nations, ESPN, Sports Illustrated, Le Monde, The Frankfurter Allgemeine Zeitung, NRC Handelsblad et The Guardian.
Gutiérrez travaille à temps plein en tant que photographe professionnel depuis 2008, et a obtenu un diplôme de premier cycle en communications sociales de l’Université catholique de Santa Rosa. Il poursuit actuellement une maîtrise en relations internationales à l’Université centrale du Venezuela.
FONDATION YVES ROCHER – ALBIN MICHEL – Au nom de l’arbre
La Fondation Yves Rocher a choisi de mettre en place un prix spécial en partenariat avec le Festival International de Photojournalisme Visa pour l’Image – Perpignan : le Prix de la Photographie de la Fondation Yves Rocher. Le prix est décerné à un photographe professionnel souhaitant réaliser un reportage sur des problématiques dans le domaine de l’environnement, des relations entre l’homme et la terre, ou des enjeux majeurs du développement durable.
“Là où la forêt disparaît, la Terre est meurtrie” Sylvain Tesson
La surface globale des forêts a été réduite de 40 % en 3 siècles, et chaque année 13 millions d’hectares de forêt — l’équivalent du Portugal — continuent de disparaître… Chaque fois, ce sont tout un écosystème, toute une biodiversité
qui disparaissent, nous rappelant au passage que si nous savons détruire la nature, nous ne la maîtrisons pas pour autant. Mais la situation n’est pas inéluctable : en effet, de la France à l’Éthiopie, de l’Inde à l’Équateur, des communautés se lèvent et se battent pour reboiser la planète. Ce livre — véritable éloge de l’arbre — leur rend hommage et montre, par des exemples concrets, comment replanter intelligemment, selon les besoins spécifiques de chaque région. Retrouvez son travail lors d cela projection de ce soir.
Il se concentre sur les animaux invisibles dans nos vies : ceux avec qui nous avons une relation étroite et pourtant nous ne voyons pas. Ce sont les animaux que nous mangeons et les animaux que nous portons. Ce sont les animaux utilisés pour la recherche et le divertissement, ainsi que les animaux que nous sacrifions au nom de la tradition et de la religion. Les histoires dans ses pages sont révélatrices et brutales. L’Anthropocène est le nom proposé pour l’époque géologique actuelle. À cette époque, l’activité humaine est l’influence dominante sur le climat, l’environnement et toute la vie sur terre. Alors que nous entrons dans une nouvelle décennie, environ 80 milliards d’animaux terrestres continuent d’être utilisés et consommés par les humains chaque année. La majorité de ces animaux sont élevés et tués dans des systèmes agricoles industriels. Les poissons et autres espèces marines sont mesurés en tonnes. HIDDEN adopte une perspective pro-animal sans vergogne, mais comprend également le rôle important que jouent les dirigeants communautaires, les éducateurs, les décideurs politiques et les militants dans la détermination d’une relation future avec les animaux basée sur une coexistence compatissante et humaine.
An Eastern grey kangaroo and her joey who survived the forest fires in Mallacoota.
EVGENIA ARBUGAEVA – Artic dreams
Evgenia Arbugaeva est née en 1985 dans la ville de Tiksi, située au bord de la mer de Laptev dans la République de Yakoutie en Russie. Dans son travail personnel, elle se penche souvent sur sa patrie – l’Arctique, découvrant et capturant les mondes éloignés et les personnes qui les habitent. Evgenia est membre de la National Geographic Society Storytelling, récipiendaire du prix ICP Infinity et du prix Leica Oskar Barnack. Son travail a été exposé à l’échelle internationale et est apparu dans des publications telles que les magazines National Geographic, Time et The New Yorker, entre autres. Elle vit à Londres, au Royaume-Uni.
Les gens disent qu’une fois que vous avez l’Arctique dans votre système, il vous appellera toujours. J’ai passé mon enfance à courir dans la toundra et à regarder les aurores boréales alors que je marchais jusqu’à l’école dans la nuit polaire, le nom poétique des deux mois d’obscurité qui ne sont pas seulement l’hiver ici, mais aussi un état d’esprit. J’ai quitté ma ville natale de Tiksi, un port maritime isolé au bord de la mer russe de Laptev, il y a des années pour vivre dans de grandes villes et dans différents pays. Mais l’Arctique m’a rappelé. J’ai soif de son isolement et de son rythme de vie plus lent. Dans ce paysage nordique glacé, mon imagination vole comme le vent, sans obstacle. Chaque objet devient symbolique, chaque nuance de couleur signifiante. Je ne suis moi-même que lorsque je suis ici. —Récit et photographies d’Evgenia Arbugaeva
Scientifique de formation et amoureux de la photographie, Juan Manuel Castro Prieto a su conjuguer ses deux passions pour devenir l’un des photographes les plus avertis, exigeants et subtils d’Europe.
Après avoir ressuscité le travail du photographe portraitiste des années 30, Martin Chambi, en créant des tirages à partir de plaques de verre à Cuzco, Prieto a développé une passion pour le Pérou. Dix ans plus tard, il traverse le pays pour un « voyage vers le soleil », où il dépeint finement et artistiquement sa tendresse pour les gens, la beauté du paysage, sa curiosité pour une culture souvent préservée, et la pauvreté qui accompagne cette condition. Retrouvez son travail lors des projections Visa pour l’image e ce soir.
Juan Manuel Castro Prieto se rend pour la première fois au Pérou en 1990. Il se rend ensuite à Cuzco où sont conservées les archives du grand photographe péruvien Martin Chambi (1891-1973). Dès ce premier voyage, au cours duquel il réalise des tirages à partir de négatifs sur plaques de verre, il développe une relation privilégiée avec ce pays qu’il n’a jamais fini d’explorer depuis cette époque. Au début de l’année 2020, il part pour un nouveau voyage dans les montagnes péruviennes, à la rencontre des populations isolées.
A travers le regard passionné qu’il porte sur ce pays, il dresse le portrait de femmes et d’hommes dans leurs traditions et leur quotidien. Plus qu’un travail de documentation, Juan-Manuel Castro Prieto revient sur ses propres traces, au cœur de villages isolés et continue de raconter le mythe personnel que le pays lui inspire.
Nariman El-Mofty, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Fuir la guerre au Tigré” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image. Pour l’occasion nous avons échangé avec Nariman, son état d’esprit à la veille de cette première, la naissance de sa vocation, sa manière de travailler sur le terrain, la place des photographes “locaux” et l’impact de son prix Pulitzer. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Fuir la guerre au Tigré”.
Nariman El-Mofty, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Fuir la guerre au Tigré” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image.
Pour l’occasion nous avons échangé avec Nariman, son état d’esprit à la veille de cette première, la naissance de sa vocation, sa manière de travailler sur le terrain, la place des photographes “locaux” et l’impact de son prix Pulitzer. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Fuir la guerre au Tigré”.
Etre exposée à Visa pour l’image, un moment particulier.
“Je me sens extrêmement humilié et honoré d’exposer à Visa. J’ai visité il y a quelques années et c’était merveilleux de voir les expositions, d’écouter les conversations et de vivre cet échange d’idées. Je suis tellement excitée de pouvoir partager une partie de mon travail et j’aurais vraiment aimé pouvoir être là..”
Le photojournalisme, une passion depuis son plus jeune âge.
“Tout a commencé avec un ami proche de la famille qui travaillait pour Reuters en tant que photojournaliste. Il est partis en missions partout au Moyen-Orient et en Afrique et a raconté des histoires animées avec tant d’humour, de charisme et de passion. J’étais fasciné et j’écoutais attentivement tout ce dont il parlait, étant enfant, j’étais attiré. J’étais obsédé par le photojournalisme à travers lui, son histoire et le travail qu’il a fait pendant des années..”
Une adaptation à tous les terrains.
“Je donne aux gens leur espace, leur temps et je respecte ce qu’ils aimeraient faire. S’ils ne veulent pas être photographiés, c’est leur droit. Cela dépend toujours de l’histoire sur laquelle je travaille.
Mon travail est divisé en plusieurs catégories comme les informations ponctuelles, la narration visuelle approfondie et le journalisme d’investigation. Dans les infos ponctuelles par exemple, cela ne prend pas beaucoup de temps car la scène est chaotique et les gens sont en plein stress et en état de choc. Les gens font généralement l’une des deux choses suivantes : parler sur le champ ou exprimer leur colère contre les journalistes, ce qui est compréhensible.
Les journalistes y sont témoins d’une situation extrêmement difficile et d’un tournant dans la vie de la plupart de ces personnes. Beaucoup parlent et veulent que le monde sache ce qui s’est passé en nous utilisant comme messagers. Cependant, il faut beaucoup plus de temps pour gagner la confiance de la narration en profondeur, du journalisme d’investigation et du documentaire. Par exemple, il m’a fallu plus d’un an avec une personne juste pour qu’elle commence à me parler, c’est-à-dire sans lever la caméra.“
La notion de photographe “local”
“Le nombre photographes basés sur le terrain ne cesse d’augmenter, et j’en suis un exemple, mais il reste encore beaucoup à faire. Les rédacteurs en chef doivent pousser et lutter pour l’inclusivité des photojournalistes dans leurs régions. Il ne s’agit pas seulement d’un pourcentage cible et de cocher des cases, mais il s’agit de faire croître et de développer la profession dans son ensemble. Il y a tellement de talents qui pourraient être découverts et encouragés à travers le monde et qui peuvent ajouter une saveur ou une perspective différente aux histoires que nous couvrons. Mais il faut davantage de soutien de la part des décideurs et le changement prendra du temps.“
Une approche culturelle différente
“Etre culturellement plus proche a un impact sur la couverture du reportage. Je sens que je capte des nuances culturelles simplement à cause de l’environnement dans lequel je suis né et dans lequel j’ai grandi. Cela me permet de construire plus facilement la relation et d’éviter les malentendus qui pourraient découler des barrières linguistiques ou culturelles.
Raconter une histoire est aussi plus naturel pour un journaliste quand c’est près de chez moi et je me sens mieux placé pour raconter l’histoire du point de vue du sujet.
Parfois, cependant, être un étranger peut être positif et plus réconfortant pour certaines personnes, en particulier sur des sujets extrêmement sensibles et tabous au sein d’une culture.”
L’impact du Pulitzer.
“Cela n’a pas changé la nature de mon travail ou de mes objectifs, la où je suis basé, beaucoup de gens ne savent même pas ce qu’est ce prix. Ce que je peux dire, c’est que cela m’a été bénéfique pour l’accès. Pour les autorités, c’est certainement un avantage car l’une des premières choses qu’elles font pour vérifier les journalistes est une recherche en ligne approfondie, notre présence en ligne, pour qui nous travaillons et le type de travail que nous avons effectué dans le passé.”
Pour découvrir davantage le travail de Nariman El-Mofty
Il continue d’être hanté par les massacres chaque nuit, de crier dans son sommeil. Le côté droit de son visage et son cou sont couverts de cicatrices. Abrahaley Minasbo, un danseur de 22 ans dont le corps était un outil d’expression, vit désormais avec une main en partie amputée. Des membres d’une milice amhara sont venus le trouver chez lui dans la ville de Mai-Kadra le 9 novembre 2020. Ils l’ont traîné dehors, battu à coups de marteau, de hache, de bâton et de machette, puis l’ont laissé pour mort.
Dans cette communauté de réfugiés vulnérables, aux portes du conflit qui fait rage dans le Tigré éthiopien, ceux qui ont fui les combats sanglants ont tous été témoins de l’horreur. Certains ont marché pendant des jours pour atteindre la frontière, avant d’être entassés à bord de bus ou de camions pour un pénible trajet de onze heures jusqu’à un camp. Alors qu’un véhicule démarrait, un bébé s’est mis à hurler et son frère l’a porté à la fenêtre pour qu’il respire, disant que l’enfant était affamé et déshydraté, que le bus était trop bondé.
Des conditions de vie difficiles.
Une fois arrivés au camp, ils attendent. Pour manger, pour avoir des nouvelles de leurs proches, pour boire. Certains font la queue pendant des heures devant un robinet pour pouvoir remplir leurs seaux. Des enfants âgés d’à peine 7 ans portent avec difficulté ces lourds récipients sur leur dos.
À leur arrivée, beaucoup souffrent de malnutrition. Une femme enceinte de 9 mois, pesant à peine 45 kilos, s’est mise à pleurer en voyant le chiffre sur la balance. Une autre à qui l’on avait donné une ration alimentaire n’a rien pu avaler.
« L’Éthiopie se meurt », répète Tewodros Tefera, un médecin lui-même réfugié. Il est confronté aux blessures de la guerre depuis le début du conflit : des victimes de viol qui n’acceptent de se confier qu’à lui, des enfants déshydratés, des femmes enceintes et allaitantes à bout de forces, des personnes blessées à coups de hache et de couteau, d’autres à qui on a brisé les côtes. Le docteur Tefera recueille des preuves, dans l’espoir d’aller un jour à La Haye afin d’obtenir justice pour son peuple.
Un exode massif.
On ignore combien de milliers de personnes ont été tuées au Tigré depuis le début des combats le 4 novembre 2020. Mais les rapports remis à l’ONU indiquent que le viol est utilisé comme arme de guerre, que l’artillerie bombarde des zones peuplées, que des champs sont brûlés, des civils pris pour cible et les pillages généralisés.
La guerre a éclaté au pire moment pour Abraha Kinfe Gebremariam et sa famille, à Mai-Kadra. Letay, sa femme, a eu ses premières contractions alors que la violence au-dehors faisait rage. À leur grande surprise, elle a donné naissance à deux filles, Aden et Turfu. Mais la joie a été de courte durée, Letay a succombé à des complications dix jours plus tard. Abraha se retrouve seul pour élever ses deux nouveau-nées et ses jeunes fils dans un camp de réfugiés à Hamdayet, de l’autre côté de la frontière, dans l’est du Soudan.
Plus de 62 000 réfugiés originaires du Tigré vivent désormais au Soudan, fuyant ce que la plupart des Tigréens qualifient de « génocide ».
Texte : Nariman El-Mofty “Fuir la guerre au Tigré”pour le Festival Visa pour l’image
L’exposition de Nariman El-Mofty, “Fuir la guerre au Tigré” est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre
Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moment fort de chaque édition de Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022. Découvrez les projections du Festival Visa pour l’image du 01/09
Le Monde au coeur du Campo Santo
Les soirées de Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.
MARK PETERSON
“Mon travail date de l’insurrection du 6 janvier au Capitole américain. J’ai photographié le nationalisme blanc en Amérique depuis de nombreuses années et cela faisait partie de ce travail.
Pour cette année et 2022, je compte continuer à travailler sur le nationalisme blanc aux États-Unis alors que le pays est à fleur de peau et dans un état de guerre civile froide. En Américain, les gens préfèrent se battre plutôt que comprendre”
Donald Trump supporters flock during the “Save America March” in Washington, D.C., January 6, 2021.
“Les images proviennent d’un projet de livre à venir appelé BRINK, qui retrace la politique américaine depuis 2016. La série commence avec l’élection présidentielle américaine de cette année-là, une couverture de campagne mais aussi de nombreuses scènes d’Américains ordinaires. Les deux derniers tiers se déroulent presque entièrement à Washington DC et montrent le chaos autour de la présidence de Trump culminant avec l’attaque contre les États-Unis. en janvier de cette année.”
October 2. 2016. A month before the 2016 presidential election, a mixed-race couple lies in bed in a motel room in Benton Harbor, MI. Michigan is one of the areas in the United States known as a “swing state” because narrow voting margins often decide the winner of the U.S. Donald Trump won in this state, somewhat unexpectedly which allowed him to gather more electoral college votes than Hillary Clinton.
NICOLO FILIPPO ROSSO – Exodus (Honduras, Guatemala, Mexico and the United States)
“Cette série est le chapitre le plus récent d’un projet plus vaste, que j’ai appelé Exodus, documentant les migrations sur le continent américain. J’ai parcouru les routes migratoires du Venezuela à la Colombie et de l’Amérique centrale au Mexique et aux États-Unis au cours des quatre dernières années. Cette année, à la suite des ouragans Eta et Iota, je me suis rendu au Honduras. Là-bas, les inondations et les coulées de boue ont perturbé la vie de 4,5 millions de personnes, entraînant une migration importante vers les États-Unis – qui fait suite à d’autres migrations récentes, souvent causées par l’instabilité politique et la violence incontrôlée des gangs. Après avoir suivi des migrants de différents pays pendant si longtemps, j’ai vu d’innombrables histoires de perte et de séparation à travers les yeux des plus vulnérables : ceux qui naissent, grandissent et meurent en mouvement. En documentant les parcours des migrants, j’ai gardé à l’esprit la diversité des raisons qui poussent chaque population à émigrer. Pourtant, j’ai aussi compris que la mobilité humaine affecte largement les sociétés d’Amérique latine. Ces photographies sont le résultat de 8 mois de voyage entre le Honduras, le Guatemala, le Mexique et les États-Unis.”
“Les migrations sont une condition humaine de notre temps, et je veux continuer à documenter ce phénomène sur le continent américain. Je me rendrai en Amérique centrale pour documenter l’instabilité politique et la violence comme principaux moteurs de la migration vers le Mexique et les États-Unis. J’étendrai le projet Exodus aux États-Unis, où tant de migrants continuent de demander l’asile, et je voyagerai le long des routes migratoires de l’Amérique du Sud en Colombie, au Pérou, au Chili et dans les Caraïbes. Chaque histoire et chaque chapitre de ce projet m’ont conduit au suivant. Dans les rues du continent, je continuerai à explorer comment les gens se déplacent, pourquoi ils le font et comment ils commencent un nouveau chapitre de leur vie lorsqu’ils arrivent à destination.”
“Lorsque la pandémie a commencé, début 2020, j’étais à Putumayo, un département colombien du bassin amazonien, où je suis basé. Les voyages et les missions ont été annulés et j’y suis resté huit mois d’affilée, travaillant à distance sur la rédaction de propositions de subventions et de publications. Loin des villes et protégé par l’isolement géographique de la vallée de Sibundoy, je vivais en toute tranquillité avec mes amis de la communauté indigène Kamentza. En août 2020, je suis parti en mission, et depuis, je travaille en Colombie, en Amérique centrale et en Amérique du Nord sur des missions éditoriales et poursuivant le projet Exodus. Chaque fois que je franchissais une frontière, je me faisais tester pour Covid-19 jusqu’à ce que je sois vacciné au Texas et en Arizona pour les premier et deuxième vaccins Pfizer. A suivre les migrants tout au long de leur parcours, comme eux, j’ai passé le plus clair de mon temps à marcher en plein air. Le défi physique de ces itinéraires et le coup ont pu renforcer nos défenses, et j’ai travaillé comme j’en ai l’habitude, à la différence que maintenant, nous portons très souvent des masques.”
A woman crosses the Rio Bravo and enters the United States with 2 children on March 27th, 2021, in Ciudad Juarez, Mexico.
Ces reportages ont été réalisés avec l’aide de l’ONU (UN OCHA)
ARCHIWUM PROTESTOW PUBLICZNYCH – Pologne – Grève des femmes
MICHELE AMORUSO – ALESSIO PADUANO – FEDERICO SCOPPA / AFP – Migrants in Bosnia and Herzegovina
A migrant crosses the snow-covered fields near an abandoned factory in Bihac, Bosnia and Herzegovina on January 26, 2021. Lots of migrants avoid staying inside the Bosnian official refugee camps because of the hard conditions in which they are forced to live and also because the people hosted in the official camps cannot go out freely.
Les projections du Festival Visa pour l'image en plein air au Campo Santo sont devenus un des moment fort de chaque édition de Visa pour l'image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Les projections du Festival Visa pour l’image en plein air au Campo Santo sont devenus un des moment fort de chaque édition de Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Le Monde au ceour du Campo Santo
Les soirées de Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.
Romain Champalaune – Le Groupe
Samsung est le premier groupe sud-coréen, il représente un cinquième du PIB. Par le biais de ses soixante-dix-neuf filiales, Samsung est présent dans toutes les étapes de la vie des Coréens.
William Keo – L’échec du rêve européen des migrants
“La série en projections au Festival Visa pour l’image est un travail que je mène depuis 2 ans sur les migrants en Seine-Saint-Denis (93), l’un des départements les plus pauvres de France.
C’est d’abord des amis qui aidaient des migrants qui m’ont demandé de venir faire des photos pour eux, dans un squat. J’ai passé toute ma vie en Seine-Saint-Denis, je pensais que plus rien ne m’étonnerait mais j’ai découvert un autre monde avec des conditions de vie assez précaire. J’ai alors débuté une documentation sur le quotidien des migrants et leur adaptabilité dans des squats et des camps.”
Comme beaucoup de photographes, mes projets ont été repoussés. J’ai eu beaucoup de mal à produire un travail sur la crise du COVID-19, je me suis alors concentré sur comment cette crise impactait une autre, celle des migrants. J’ai décidé de travailler près de chez moi, les camps et les squats de migrants se trouvent à 15 min de là où j’habite, ce qui facilite énormément l’accès.J
La relation avec le tirage photographique
“Pour moi, la finalité d’une photo est le tirage ou un livre, un support physique. Comme je n’ai fini aucun de mes projets, je n’ai pas encore fais de livre.Je ne pense pas que la vocation d’une photographie soit de rester sur un écran ou un disque dur, peut-être que pour certains marchés comme la presse, cela à du sens, mais le support physique donne une dimension définitive.
Quand je fais tirer des photos, je passe toujours par des laboratoires ou des amis qui s’y connaissent mieux, des personnes dont c’est le métier, ils voient souvent des choses que je ne vois pas et ont des avis parfois très différent du mien et souvent pour le mieux.”
Une année 2022 en suspens
“J’aimerais continuer mon projet sur les migrants, il y a aussi l’élection présidentielle qui arrive et peut-être débuter un travail plus large sur la Seine-Saint-Denis mais c’est au stade de réflexion. Je me rend en Syrie depuis 2 ans pour un projet à long terme, si tout se passe bien j’y retourne en 2022.”
Pour découvrir davantage le travail de William Keo
NICOLAS CORTES – Réfugier du Tigré, l’impossible retour ?
Soudan, Décembre 2020 Depuis le début de la guerre au Tigré, le 4 novembre 2020, plus de 55 000 Éthiopiens se sont réfugiés au Soudan. Un mois après, même si les arrivées se font plus rares, les passages à la frontière vers le Camps de Hamdayet et Ashaba continuent. Dans les camps, des files d’attentes sont organisées un peu partout. Sous un soleil de plomb, les familles passent la plupart de leur temps à attendre. Attendre pour s’enregistrer, manger, remplir des bidons d’eau, obtenir un abri, avoir accès aux soins. Mais surtout, beaucoup sont aussi dans l’attente d’un proche resté de l’autre coté, ou de l’annonce de la fin des combats qui signifierait un retour chez eux.
Mais le gouvernement soudanais voit les choses d’un autre oeil et invite les réfugiés à s’éloigner de la frontière en rejoignant des camps situés en plein désert où la situation humanitaire se dégrade. Débordés par le nombre qui ne cesse d’augmenter, l’histoire se répète. Certains n’arrivent même pas à s’enregistrer et avoir accès à un abri et aux services mis en place dans les camps. Loin de la frontière, les camps prennent des allures de villages et laisse l’incertitude, voir l’impossibilité d’un retour au pays s’installer dans les esprits, avant des mois, voir des années.
Le vendredi 15 décembre, mille personnes quittent le camp provisoire de Hashaba. Le convoi prend la direction du camp d’Oum Rakuba situé à dix-heures de route sur des pistes cahoteuses.
Hashaba, Réfugiés du Tigré, l’impossible retour ?. Hashaba, Soudan – 15 Décembre 2020
ADRIENNE SURPRENANT – République Centrafricaine – un chapitre caché
Marcel, le 23 septembre 2019 à Alindao, en République centrafricaine.
“Quand j’entends des coups de feu, je me pisse dessus. Ces événements m’ont rendu comme un mendiant qui demande quelque chose, comme un réfugié dans mon pays”, dit Marcel. “Dans le conflit, ce qui s’est passé, j’ai vu un cadavre sur le sol. La personne qui lui avait tiré dessus avait coupé la chair, un muscle coupé tremblait dans la main du tueur. Il a dit : Je vais aller manger ça, je vais aller griller ça. J’ai eu peur. J’ai rampé au loin.” Depuis lors, quand Marcel ferme les yeux la nuit, la scène se répète, aussi vive que s’il ne dormait pas. “Au moindre bruit, il y a la même peur.”
GUERCHOM NDEBO – RDC – Le commerce illicite du charbon de bois
Motorcycle riders transporting hundreds of kilos of charcoal on their bikes in the eastern Congolese city of Goma. Guerchom Ndebo for Fondation Carmignac.
Le 10 Mai, Mitterrand est élu. Le photojournaliste Yan Morvan débarque de l’avion qui le ramène d’Irlande du Nord où il couvrait les funérailles de Bobby Sands. L’agence Sipa Press l’envoie place de la Bastille photographier la fête de la victoire. Dès lors les sujets pleuvent, il traitera toute l’actualité de cette année « charnière » qui a marqué l’histoire. Quarante ans plus tard, ces images, pour la plupart inédites, sortent de ses archives, dessinant une fresque sensible et sans antagonisme. Réformes sociales d’ampleur, abolition de la peine de mort, attentats, grèves, droit des femmes, lutte anti-nucléaire, fête de la musique et de la jeunesse, fête de l’Huma, prémices de Paris-Plage… les moments de joie et de drame se succèdent. L’opinion publique s’internationalise en solidarité avec les victimes de dictatures. La France veut marquer sa différence dans un contexte international encore plombé par la Guerre froide. 1981 a semé les graines du changement ! Yan Morvan piste, comme un chasseur, les traces fraiches de l’Histoire pour nous en rapporter les preuves. Elles éclairent notre époque.
Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moment fort de chaque édition du Festival Visa pour l'image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Les projections en plein air au Campo Santo sont devenus un des moment fort de chaque édition du Festival Visa pour l’image. Elles font leur retour pour cette 33ème édition, découvrez une sélection des séries projetées. Nous avons également échangé avec les photographe afin de connaitre mieux leur travail, leur situation du fait de la pandémie et leurs projets pour 2022.
Le Monde au cour du Campo Santo
Les soirées de Visa pour l’Image retracent les événements les plus marquants de septembre 2020 à août 2021. Chaque soir, du lundi au samedi, les projections débutent par une «chronologie» retraçant deux mois d’actualité de l’année écoulée. Sont ensuite développés différents sujets et points de vue liés aux faits de société, aux conflits, ceux dont on parle et ceux que l’on tait, aux différents constats de l’état du Monde. Visa pour l’Image propose aussi des «rétros», retour sur des faits ou des personnalités majeurs de l’Histoire. Les différents prix Visa pour l’Image sont également remis lors de ces soirées.
Nadia Ferroukhi – Octobre Rose, Du dépistage du cancer du sein à la guérison.
“Le cancer du sein touche une femme sur huit, mais ce qui est d’autant plus inquiétant est qu’il touche également de plus en plus de très jeunes femmes. C’est un cancer très fréquent qui heureusement se guérit très bien, surtout lorsqu’il est détecté tôt. Selon l’INCa (Institut National du Cancer), 3 000 vies pourraient être sauvées chaque année si 70% au moins des femmes de 50 à 70 ans réalisaient un dépistage tous les deux ans… or, aujourd’hui, seules 50% des femmes participent au dépistage organisé.”
Une rentrée sur tout les fronts
“Comme la plupart des photographes, ça été difficile. D’autant plus que mes productions photos sont essentiellement à l’étranger. Voyager reste en ce moment encore compliqué… mais je ne perds pas espoir ! Cette période particulière m’a permis de me poser, de prendre le temps au temps … ce que nous faisons si peu dans notre société où tout va beaucoup trop vite. J’ai également sillonné Paris lors du premier confinement sur mon scooter et appareil photo afin de capturer ces instants de vie comme si le temps s’est arrêté.
J’ai fait un travail sur une dizaine d’années sur des sociétés matriarcales dans le monde. Ce travail a été beaucoup publié et Geo a produit une importante partie. Début Octobre 2021, les éditions Albin Michel sorte un ouvrage sur ce travail de longue haleine, il y aura une exposition dans une galerie à Paris et une autre à Lyon, et dans le festival photo Phemina. Sinon je pars en Egypte pour GEO et j’anime également un atelier photos d’enfants migrants en Seine-Saint-Denis.”
À l’issu du scanner, les manipulateurs prennent des mesures et des repères pour faire un ou plusieurs points de tatouage, qui seront ensuite presque invisibles. Ces points de repère doivent être conservés pendant toute la durée du traitement.
Jeanne Franck – La vallée est morte
“J’étais à Sospel au moment de la tempête Alex, proche de la Roya. Sur place, je me suis fait prêter un appareil photo par mon ami Laurent Carré car j’étais venue à la base passer 3 jours je suis finalement restée 2 mois.
Le lendemain de la tempête Alex, les routes et les réseaux de télécommunications étaient coupés, je n’avais aucune idée de l’ampleur des dégâts. Avec le photographe Laurent Carré (qui travaillait pour Libération) nous nous sommes d’abord rendus à Roquebillière, dans la vallée de la Vésubie, sur les traces du couple emporté avec leur maison. J’ai ensuite contacté un confrère (Pierre Morel) à Paris pour qu’il prévienne Le Monde que j’étais sur place et que je comptais me rendre dans la Vallée de la Roya, qui était la vallée la plus enclavée.
Nicolas Jimenez, le chef du service photo m’appelle et me met en commande avec la journaliste Sofia Fischer. Avec le photographe Laurent Carré nous avons attendu que les gendarmes ne surveillent plus les accès à La Haute Roya pour marcher le long des voies ferrés de nuit et atteindre Tende le matin. A pied, nous avons pu nous rendre compte de l’étendue des dégâts. Sur place, nous avons très vite fait connaissance avec les habitants.
Je n’ai pas souhaité montré uniquement les dégâts mais également la solidarité et la vie sur place, l’évolution. Il va falloir attendre des années avant un retour à la normale et repenser nos modes de vies . Beaucoup d’habitants sont partis c’est le cas de Philippe, pompiste qui ne souhaitait pas élevé ses enfants dans un paysage chaotique.
J’ai un attachement très fort pour cette vallée je suis toujours en contact avec les habitants qui me donnent régulièrement des nouvelles. Je souhaite y retourner et continuer à documenter cette région. Je suis très contente que cette série soit projetée à Visa pour l’Image : c’est important de montrer les conséquences du dérèglement climatiques qui ont touché cette vallée mais aussi ses habitants.
2022
“En 2022 je vais retourner en Bosnie-Hezergovine où j’ai un projet depuis 2018 sur les traumatismes de la guerre de 92-95 chez les jeunes en Bosnie-Herzégovine.Je travaille également sur la cité des Fauvettes à Pierrefitte sur Seine qui est une des cités les plus délabrées d’ile de France. Elle sera détruite dans quelques années. Je vais également animer des ateliers photos pour les enfants de la cité Cordon à Saint Ouen. Et bien entendu j’espère continuer le travail sur la Vallée de la Roya.”
Découvrez l’univers photographique de Jeanne Franck
Fontan, France le 7 octobre 2020 – Ce qu’il reste de la route internationale reliant Cuneo à Vintimille entre Fontan et Tende. Cinq jours plus tôt (le 2 octobre), les pluies diluviennes de la tempête Alex s’abattaient sur les Alpes du Sud causant la mort de neuf personnes. Neuf autres sont toujours portées disparues. Dans la vallée de la Roya, 50 kilomètres de route sont à refaire. Le haut de la vallée à partir de Saint-Dalmas-de-Tende est désormais accessible uniquement par voie ferrée. Deux pistes d’altitude existent, culminant à 1 900 et 1 700 mètres, et mènent en Italie. Des travaux d’accès sont réalisés au départ de Fontan. Dans les zones les plus détruites, des passages sont aménagés dans le lit du fleuve.Photo : Jeanne Franck.
Jeremy Suyker – Au Caire, l’État déloge les morts et enterre le patrimoine
“Au cœur du Caire historique, cette nécropole est depuis toujours habitée par l’Homme. On estime aujourd’hui à plus d’un million de personnes résidant dans ces caveaux et mausolées dont certains sont vieux de plusieurs siècles. En partie classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la Nécropole est menacée de destruction par les autorités égyptiennes qui ont lancé un vaste chantier de ponts autoroutiers au nord et au sud du cimetière. Des dizaines de tombes ont été détruites depuis août 2020, des familles entières délogées et des dépouilles exhumées transférées in extremis. A terme, c’est toute la Cité des morts qui pourrait disparaître au profit d’un vaste projet immobilier, déjà pensé à l’époque de Hosni Mobarak.”
Le tirage photographique
“Plus jeune, je pouvais passer des heures dans la chambre noire à tirer mes n&b. J’ai toutefois le plaisir de découvrir mes photographies tirées régulièrement lors d’expositions, personnelles ou collectives. C’est toujours un moment particulier, comme l’aboutissement de quelque chose d’important et de profondément humain. Une photographie restera toujours pour moi un acte d’amour, un don de soi. Et c’est sur le papier que la magie opère.”
Un gardien de tombe éclaire une tombe vieille de 150 ans dont il a la charge. Né dans la nécropole, ce tourabi de 62 ans risque d’être expulsé par les autorités qui veulent raser son secteur et ériger un nouveau quartier résidentiel. Le gouvernement lui a promis un nouveau logement équipé d’une télévision et d’électroménager flambant neuf. Il n’y croit pas et ne souhaite pas voir le cimetière disparaître. “Nous avons de bons rapports avec les morts, dit-il. Ils nous respectent et nous les respectons.” // Reportage sur la Nécropole al-Arafat au Caire, aussi connue sous le nom “Cité des morts”. Octobre 2020. Jeremy Suyker / item
Valentin Bianchi – L’ombre du Japon
Pour « L’ombre du Japon », projeté pendant la semaine professionnelle de Visa pour l’image, j’ai souhaité mettre en image une problématique assez méconnue au Japon.
Depuis l’éclatement de la bulle économique à la fin des années 80, le Japon peine à sortir de la crise financière et de plus en plus de personnes âgées sont confrontés à une précarité grandissante. Si beaucoup continuent à travailler, par choix ou par nécessité, un nombre croissant d’entre eux rencontre de réelles difficultés à survivre. Cette problématique, accentuée par l’exode rural, prend une ampleur sans précédent dans les grandes mégapoles comme Tokyo ou Osaka. Alors qu’auparavant, il était rare de voir des sans-abris dans les rues de Tokyo, les abords de la gare de Shinjuku ou encore les longues routes sous les bâtiments de l’hôtel de ville de Tokyo, débordent de cette misère produite par les sociétés de consommation.
Abandonnés par un système social défaillant à leur égard, ces laissés pour compte en sont venus à commettre de petits délits afin d’être arrêtés et envoyés en prison. Il s’agit pour eux de rompre un cercle sans fin qui les tirent toujours plus bas. La précarité, l’isolement, l’absence de conditions sanitaires satisfaisantes et le manque de liens sociaux sont les facteurs les plus fréquemment évoqués chez les délinquants âgés. Le confort très relatif trouvé en milieu carcéral pousse une partie des délinquants âgés à commettre d’autres délits dès la sortie de prison, afin d’y être renvoyés au plus vite. Pour être condamnés, il faut qu’ils soient multi récidivistes ce qui, par effet pervers, pousse ces délinquants du troisième âge à réitérer dès que la rue se profile comme seul espace de survie.
La loi japonaise tente pourtant de s’adapter et considère cette nouvelle problématique. Certaines prisons développent des unités d’accueil dédiées et aménagent les conditions d’emprisonnement à ces détenus si particuliers
Passionné de tirage photographiques
“Je suis un amoureux de l’image sur papier. Et sans aucun doute un amoureux du papier également. L’objet reste essentiel à mes yeux. Une image prend toujours une dimension différente une fois sur papier. Celle-ci est valorisée et soulignée, surtout via le choix d’un bon papier. Je réalise moi-même la plupart de mes impressions depuis de nombreuses années. Ca me permet de maitriser ma chaine graphique du début à la fin. Mais je fais confiance, bien évidemment, aux tireurs professionnels pour des formats que je ne peux imprimer moi-même. Et j’avoue que par manque de temps, je passe de plus en plus par des labos professionnels.”
Découvrez en plus sur l’univers de Valentin Bianchi
Tokyo, Japan. January 31, 2020. An elderly gentleman carries some personal belongings on a cart and looks at the area under the bridge that connects Tokyo to Yokohama. Many homeless people live under this bridge. During the fall of 2019, a typhoon ravaged the banks of the Tamagawa River, destroying in the process many makeshift shelters where several hundred elderly people had taken refuge. Photo : Valentin Bianchi.
Le projet basé sur l’univers des Mariachi à Mexico City. Ruben Salgado Escudero les à suivis pendant 4 mois durant la pandémie. Ces musiciens très appréciés dans la culture mexicaine se sont retrouvés sans aide, Il à également crée une plateforme pour les soutenir, leur permettre de continuer à travailler et créer du lien social avec le public. Ce n’est pas simplement un projet photo mais plus largement une plateforme interactive.
Il à également été aidé par National Géographic pour ce projet.
Monica Rivera Zuñiga (36), is a mother of two children and third generation mariachi musician. Her mother, who she lives with, is a nurse and has warned her to stay home. “I stayed home for two weeks, but saw all of my colleagues were still going out and decided the income was worth the risk.”
HIROKO MASUIKE : Tsunami, un village anéanti et une décennie d’espoir
Villagers hand lanterns to Kenichi Konno, center, to float lanterns to send off the spirits of the dead on the Kesen River on the last day of Obon, a Buddhist event to honor ancestors, in Kesen, August 15, 2012. Kesen community lost about 200 residents to the tsunami. Survivors and their family members gather to honor the spirits of the tsunami victims during Obon. People looked back the light with nostalgia on the days when they lived together in the community.
View of the silo of the port through the window frame of a bedroom with smashed glasses due to the explosion of August 4. The Beirut blast that devastated the city caused by 2750 tons of ammonium nitrate stored in a warehouse port killed at least 204 people, injured more than 6500 and 3000 have lost their homes. Lebanon, Beirut, August 21, 2020. Karine Pierre / Hans Lucas agency.
Dans une chambre a coucher, vue sur le silo du port a travers l’encadrement d’une fenetre dont la vitre a eclate lors de l’explosion du 4 aout. L’explosion du port de Beyrouth qui a devaste la ville causee par 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockes dans un port d’entrepot, a tue au moins 204 personnes, en a blesse plus de 6500 et 3000 ont perdu leur logement. Liban, Beyrouth, 21 aout 2020. Karine Pierre / Agence Hans Lucas.
ont eu le plaisir de travailler sur l’exposition de Olivier Jobard, "Éthiopie, exils et dérives" lauréat du Prix Camille Lepage 2020.
Les expositions phares du festival photo Visa pour l’image 2021 par Initial LABO, Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, ont eu le plaisir de travailler sur l’exposition de Olivier Jobard, “Éthiopie, exils et dérives” lauréat du Prix Camille Lepage 2020.
Une relation particulière avec le tirage photographique.
“J’ai un rapport très personnel avec le tirage photographique. J’ai longtemps réalisé mes propres tirages en noir/blanc et même en couleurs dans ma salle bain .La photographie est d’abord une passion de jeunesse initiée dans un Photo Club puis à l’école Louis Lumière”
J’ai une relation de confiance que j’ai établie depuis déjà longtemps avec Yonnel Leblanc. Je le suis depuis qu’il est à Central Color. On se parle et on s’écoute. Je tente un premier développement seul qui n’est jamais aussi fin que Yonnel. A partir de mes fichiers raw, il reprend les corrections pour obtenir un meilleur résultat.”
Un exode massif du au dérèglement climatique.
En arrivant en Éthiopie en 2019, je découvre un pays au bord du gouffre. Partout la terre manque. Tantôt asséchés, tantôt inondés, les sols fertiles sont disputés entre les différentes ethnies qui contestent les redistributions des régimes passés. Ces chocs climatiques et tensions agraires entraînent un exode sans précédent.
J’accompagne alors les migrants éthiopiens dans leur voyage vers l’Arabie saoudite. Un pays qui incarne pour eux un eldorado où ils pourront gagner de quoi vivre dignement. Ils s’y rêvent ouvriers, capables de payer à leurs familles une maison « en dur », mais le rêve ne se concrétise que pour certains.
Ethiopie, un avenir incertain
Partis à pied pour un périple de plus de 2 000 kilomètres, la route se révèle une épreuve aux risques parfois mortels et les affrontements ethniques s’y reproduisent. Nombreux sont ceux qui meurent de déshydratation ou se noient pendant la traversée de la mer Rouge. La torture est ensuite un passage presque obligé dans un Yémen en guerre, livré au règne des milices locales et des mafias éthiopiennes de la migration. Pour beaucoup la route s’arrête à Aden, ancienne capitale du Sud-Yémen, où les migrants atterrissent en n’ayant plus de quoi payer la suite du périple.
Dans ce pays à l’avenir incertain, je me suis attaché au destin de Moustafa. Migrant, il rêvait d’échapper à sa condition de paysan. Il a été touché par une balle au Yémen alors qu’il allait passer la frontière avec l’Arabie saoudite. Après six mois de galères dans un pays ravagé par la guerre, il a été rapatrié en Éthiopie. Il vit désormais de la mendicité car son vieux père est trop pauvre pour s’occuper de lui. Moustafa rêve d’un « petit exil » à Addis-Abeba, la capitale, pour ne pas déshonorer sa famille en mendiant. Son parcours à la dérive m’apparaît comme l’incarnation d’une jeunesse éthiopienne sans horizon, pour qui la fuite à tout prix reste l’unique option.
Et alors que je suis la route de Moustafa pendant deux ans, j’assiste à un nouvel exode. Fin 2020, une guerre éclair au Tigré conduit des dizaines de milliers de familles à tout quitter. Du jour au lendemain, combats et bombardements les poussent vers le Soudan voisin. Dans ce pays parmi les plus pauvres au monde, les Éthiopiens deviennent réfugiés, sans savoir s’ils pourront un jour regagner leur pays.
Ces reportages ont également été réalisés avec l’aide du Figaro Magazine et de La Croix Hebdo.
Exposition de Olivier Jobard, Ethiopie, exil et dérives est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre
Pour connaitre davantage le travail de Olivier Jobard :
anie Wenger, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail "Sugar Moon" à l'occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l'image. Ce projet, qui à nécessité quatre années de travail, sera exposé pour la première fois. Une nouvelle étape que nous avons eu le plaisir de partager avec elle, les tireurs Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, étant en charge de donner vie à cette exposition.
Mélanie Wenger, photographe documentaire à été sélectionnée pour exposer son travail “Sugar Moon” à l’occasion de la 33ème édition du Festival Visa pour l’image. Ce projet, qui à nécessité quatre années de travail, sera exposé pour la première fois. Une nouvelle étape que nous avons eu le plaisir de partager avec elle, les tireurs Yonnel Leblanc et Aurélie Guillou, étant en charge de donner vie à cette exposition.
Pour l’occasion nous avons échangé avec Mélanie, son état d’esprit à la veille de cette première, sa manière de travailler le tirage et ces projets pour 2022. Découvrez cet échange en intégralité suivis d’une présentation de sa série “Sugar Moon”.
“Pour moi, photojournaliste et française, Visa pour l’image a toujours été l’un des grands festivals de la profession. Je m’y rends chaque année depuis dix ans. C’est aussi l’une des occasions principales de l’année de rencontrer mes collègues mais aussi les éditeurs avec lesquels je travaille, ceux aussi avec lesquels je ne travaille pas encore.
C’est l’un des trois rendez-vous les plus importants de l’année. J’y viens curieuse de découvrir de nouvelles histoires, l’occasion de décortiquer les séries variées des photographes exposés.
C’est la première fois que l’équipe expose une de mes séries. C’est surtout le bon endroit pour exposer la série Sugar Moon pour la première fois. Cela fait sens pour moi.
Je suis reconnaissante à l’équipe, Jean-François Leroy et Delphine Lelu, de l’avoir choisie, la chasse est un sujet très controversé et très difficile à exposer. Mais l’équipe de Visa ne recule jamais devant ce genre de risque, ils montrent ce qu’il est important de montrer, et c’est probablement ce qui fait la plus grande force du festival.
Premier rendez-vous entre la série “Sugar Moon” et le public
“Pour ce projet, que je termine à peine, après quatre années de travail, je suis très nerveuse. Cette première confrontation au public est toujours très compliquée. Il s’agit d’un sujet controversé qui provoque de vives réactions, c’est aussi pour cela que j’ai souhaité y travailler en profondeur.
J’aimerais qu’il provoque un réel questionnement chez les personnes qui le voient, une prise de distance, une certaine curiosité, sans faire l’amalgame entre le photographe et le sujet photographié. Cette distinction est importante.”
Un dialogue nécessaire pour donner vie aux photographies.
“Au labo Initial, nous avons regardé chaque photographie précieusement avec Yonnel Leblanc.
J’ai partagé avec lui des anecdotes du terrain, parfois répondu à ses questions, ajouté quelques informations pour qu’il s’imprègne des images, de la situation, de l’émotion des photographies.
C’est un équilibre très compliqué. C’était un plaisir de partager cette expérience avec Yonnel.”
Une année 2022 prometteuse.
“Je travaille sur le projet de monographie de la série Sugar Moon et son documentaire, car j’ai commencé à filmer Erik et sa famille. En plus de cela je travaille sur un nouveau projet photographique documentaire nommé ‘De-extinction’ soutenu par la DRAC Grand Est et la Région Grand Est qui devrait également me prendre une bonne partie de l’année.
C’est un peu la suite logique de Sugar Moon, cela traite d’hommes singuliers et d’espèces animales éteintes ou menacées. Je n’en dis pas plus pour l’instant…
Mélanie Wenger, Au coeur du lobby pro-chasse américain.
C’est en 2018 que Mélanie Wenger rencontre Erik Grimland à une convention organisée par un lobby pro-chasse au Texas. Après avoir passé plusieurs années à documenter la place qu’occupe la chasse aux trophées dans la conservation de la faune sauvage en Afrique, la photographe souhaite ouvrir un nouveau chapitre sur le commerce des animaux exotiques aux États-Unis.
C’est pour comprendre ce monde complexe où s’entrechoquent traditions, consumérisme et virilisme qu’elle a suivi pendant plus de trois ans Erik Grimland et ses proches. Chasseur depuis l’enfance, fils d’un père pro-chasse et d’une mère anti-chasse, ex-policier reconverti dans la chasse professionnelle et la taxidermie, ce Texan de cœur et cow-boy dans l’âme lui a ouvert les portes d’un monde peu exposé aux regards des médias ; les portes de cette Amérique rurale, sudiste et en colère sur laquelle Donald Trump a en partie bâti sa victoire en 2016.
Une pratique complexe.
Des ranchs texans et leurs enclos où gambadent des animaux en semi-liberté jusqu’à la brousse africaine, graal des chasseurs qui viennent y dépenser plusieurs milliers de dollars pour exercer leur passion, ce travail n’est pas un plaidoyer pour la chasse. Il n’en est pas non plus le pourfendeur. Il tente simplement de comprendre les complexités de cette pratique. Et d’en révéler les nuances, les vérités comme les contradictions.
Ses partisans sont formels : tuer légalement un animal serait un moyen d’en sauver plusieurs et de préserver aussi d’importantes zones de terres sauvages de plus en plus menacées par une démographie galopante et une urbanisation effrénée. Un argument qui provoque une levée de boucliers de la part des associations de défense des droits des animaux et de certains écologistes. Ce débat soulève plusieurs questions : la chasse peut-elle être utile dans l’effort de conservation de la faune et de l’environnement, et si oui, comment ? Les revenus générés par la chasse aux trophées en Afrique et aux États-Unis sont considérables, mais où va réellement l’argent ? Et comment est-il utilisé par les institutions ? Bénéficie-t-il systématiquement aux communautés locales, comme le prétendent les chasseurs ? Autant d’interrogations qui entourent depuis plusieurs décennies cette activité pourtant pratiquée par l’Homme dès l’aube de l’humanité.
Moyen de subsistance de notre espèce depuis des centaines de milliers d’années, symbole de force, de virilité et de pouvoir dans d’innombrables cultures, la chasse est-elle vouée à s’éteindre dans les tumultes du XXIe siècle pour devenir, à son tour, le trophée relique d’une pratique disparue ?
Texte : Vincent Jolly pour Visa pour l’image
Sugar Moon de Mélanie Wenger à été réalisé avec l’aide du Figaro Magazine et National Geographic et exposé pour la première fois dans le cadre du Festival Visa pour l’image.
Exposition de Mélanie Wenger, Sugar Moon est visible dans le cadre du Festival Visa pour l’image au Couvent de Minimes du 28 août au 26 septembre 2021 de 10h à 20h, entrée libre
Retrouvez prochainement une interview de Mélanie Wenger dans notre podcast MANDARINE.
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